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musique - Page 6

  • Lloyd Cole, en ballade

    Une chanson n'est qu'une chanson, et parfois tient à peu. Est--ce une ligne mélodique ou un arrangement ? Une certaine sensualité ou un son tranchant ? Dans ses débuts, (disons jusqu'à l'album dont est tiré Man Enough), Lloyd Cole sait jouer de la langueur. Parmi toutes ses compositions, celle-ci est emblématique de sa meilleure et simple inspiration. Des percussions qui pourraient virer latino, l'accordéon de Blair Cowan qui surprend dans la pop et une guitare discrètement funky. Un mélange improbable pour une évocation en demi-teinte. On ne demande pas plus...

     


     

  • Soigner ses névroses, Higelin

    Le présent intermède musical est dédié à ceux qui comme moi détestent et prennent l'avion, alors qu'ils ont tout essayé : la philosophie, la prière, les médicaments et l'alcool (ce dernier expédient ayant été, reconnaissons-le, le plus efficace mais voler bourré ne peut pas être un cri de ralliement en ces temps étranges où se mélangent le laxisme et le contrôle de la pensée les plus terrifiants.). Mais il est vrai aussi qu'il faut bien mourir un jour...


     

  • Radiohead, en boucle (en boucle)

    Packt Like Sardines in a Crushd Tin Box. Ainsi commence le très remarquable Amnesiac de Radiohead (2001), pendant sous-évalué du Kid A de 2000. Sans doute parce que la surprise est moindre...

    Une compression dans les basses, une mécanique rythmique et une ligne mélodique lancinantes. Un certain traitement de la pesanteur...

     


  • Dernier carré, Genesis...

    L'album Wind and Wuthering. 1976. Il y a ce morceau, le dernier (si l'on excepte les deux instrumentaux qui suivent) auquel Steve Hackett prête son sens mélodique, avant que Genesis réduit à Phil Collins ou presque ne tombe dans la bouillie mainstream d'une pop sans consistance (si tant est que la pop ait quelque consistance...). Blood on the Rooftops...

     

     

  • Contrepoint, Miossec

    La rapacité affichée des deux premiers albums de Miossec (les opus suivants, ma foi, on s'en passera, ou presque) n'a jamais autant de vérité qu'aux premiers beaux jours, quand le cirque recommence sur les places et terrasses. Quelque chose qui vous remet les idées en place.

    Il y a à Boire (1995)


    et à Baiser (1997)


  • Paco de Lucia

    Il y a fort longtemps, Serge Loupien, chroniqueur musical à Libération (je sais, je sais...), avait ironisé sur la prétention de McLaughlin et di Meola à vouloir rivaliser en trio avec Paco de Lucia (1). Je n'ai jamais été aussi en accord avec Serge Loupien que ce jour-là.

    Paco de Lucia est mort ce jour. La passion, le feu et la grâce. Le plus grand de tous.


     

    (1)Pour s'en convaincre on peut écouter les deux albums  : Friday night in San Francisco et Passion, grace and fire.

  • Avec retenue, Metheny et Scofield

    Quand il ne cède pas au easy listening, Pat Metheny est un brillant musicien, et l'album I can see your house from here, commis en 1994 (vingt ans déjà...) avec le très stylé et réservé John Scofield offre des échanges infiniment élégants. Comme ce Message to my friend. Bill Stewart (1) est la batterie et Steve Swallow à la basse.


     

     

    (1)Il faut écouter Bill Stewart, seul avec le pianiste Bill Carrothers. L'album s'intitule Duets (sorti en 1999). Extraordinaire...

  • Les requins cool

     Dans un ouvrage passionnant et riche, Thomas Frank détaille le bouleversement idéologique qui s'est produit, d'abord aux États-Unis, quant au rapport que les individus devenaient entretenir avec la représentation de soi dans un monde ultra-libéral. Ce livre s'intitule Le marché de droit divin . L'ouvrage débute par le récit d'un manifeste anti-gouvernemental (the big government honni), écrit en 1996 par John Perry Barlow, que d'aucuns, déjà plus très jeunes certes, connaissent comme ayant été le parolier de Grateful Dead mené par le légendaire (dans le monde du rock s'entend) Jerry Garcia. Ce brave garçon veut qu'on lui foute la paix, qu'on ne s'occupe pas de son business et revendique un désengagement radical de l'État au nom d'un libertarisme à la fois économique, politique et culturel. Il veut un internet hors contrôle. Et, cerise sur le gâteau évidemment, il écrit ce manifeste de Davos, là où se retrouvent les aéropages planétaires du laisser-faire extrême.

    Plus loin dans le même ouvrage, l'auteur raconte sa surprise, à Chicago, pour une réunion de conseillers stratégiques (account planners), de rencontrer non des costumes et tailleurs classiques mais des individus à la dégaine parfois fort excentrique. Ce n'est en fait que le signe symptomatique d'un changement de paradigme. Au sérieux guindé et donc élitiste d'un capitalisme protestant strict qui a régné sur l'Amérique pendant des lustres succède une version décontractée, cool et, pour ses défenseurs, démocratique du libéralisme. Du old fashion au casual, pour se frotter d'anglicisme... Avec leurs airs d'étudiants tout simples, Page et Brin, Zuckerberg aujourd'hui, Jobs et Gates hier sont les parangons de cette évolutions 2.0 du monde.

    La France s'y met doucement... Comme en témoigne la photo ci-dessous.

    granjon et manoeuvre.jpg

    Le plus petit des deux est Philippe Manœuvre. Il est journaliste musical, une figure majeure du milieu. Il a animé Les Enfants du Rock dans les années 80, il dirige Rock and Folk, il est biographe des Stones, il a été le compagnon de Virgine Despentes. Bref, un rebelle... D'ailleurs son allure de vieux beau (il a trop regardé Mick Jagger et Bowie...), ses postures de pop star, son côté toujours vivant en font une caricature de jeunisme débile, nous faisant croire que la musique dans la peau est un élixir de jeunesse et la preuve que l'on sera toujours en marge (1). On ne dira jamais assez quelle escroquerie rentable aura été le concept de marginalité... Mais, pour en finir avec le sieur Manœuvre, il a fini par se ranger des voitures, comme on dit. Il a épousé Candice Martinon-Boisnier de La Richardière. Il a ce point commun avec Luc Ferry : le frisson aristocratique.

    Le gars à côté n'est pas un musicien. Il cultive pourtant la ressemblance. On pourrait le croire en resurrection de Lynyrd Skynyrd, de Scorpion ou, qui sait, ZZ Top. Il n'en est rien. Il s'appelle Jacques-Antoine Granjon. Il dirige vente-privee.com. Il est diplômé de l'European Business School. C'est  un homme d'affaires nouvelle génération, ce qui veut dire fondu dans le moule d'une conception encore plus poussée des doctrines ultra-libérales. Il est cool comme un Zuckerberg ou un Xavier Niel. La forme se veut souple et décalé. L'habit est simple (quoique d'un certain prix, ne nous y trompons pas) et le discours débarrassé de la rhétorique surannée des gens fier-cul. Il est le chef d'entreprise nouveau : abordable, fun, avec des goûts dans lesquels tout à chacun peut se retrouver. Il a sans doute une Ibanez chez lui, ou une batterie, un petit studio d'enregistrement. Il adore s'éclater. Il aime l'étonnement de ceux qui le croisent sans le connaître en pensant qu'il travaille dans un magasin de musique ou qu'il vend des motos, de grosses Kawasaki, à moins que ce ne soit des Harley Davidson. Il aime cette ambiguïté : elle correspond à son petit côté sauvage. C'est par elle qu'il peut vérifier sa réussite et qu'il peut aussi dénoncer les faux semblants d'un ordre éculé.

    C'est un mec relax. Le week end, il est free, il voit ses potes et on ne parle pas boulot. On se demande juste si on ne va prendre l'avion pour aller voir le show case intimiste de Damon Albarn à Londres. Le dernier qui l'a vu avec une cravate est à la retraite. Il a toujours été différent. Sa force est là.

    Pour le reste, il a les codes de la nouvelle économie, celle qui va de pair avec un épuisement accru des hommes, des ressources et des opportunités ; celle qui fonctionne par l'accélération des flux et un rétrécissement du temps, par l'étouffement de la contestation et une intégration de plus en plus grande des individus privés dans la sphère économique ; celle qui, sous couvert d'innovation et de renouvellement, presse, oppresse et déprime de plus en plus de personnes... Le motif pourrait être celui-là : cool pour soi, dur pour les autres. Les affaires sont les affaires : la coupe de cheveux, la culture pop et le blouson rebelle ne sont qu'un déguisement. Et encore, même pas : ils sont la continuation de ce refus baba-cool de la contrainte. Laisser-faire, laisser-aller. Il est interdit d'interdire. Des barricades au bunker commercial. Si l'enseigne et la façade ont changé, la ligne idéologique reste la même : elle s'est affinée dans le sens du pire.

      

     

    Mais ne nous irritons pas et comme tout finit par des chansons, depuis Figaro, concluons avec ce petit bijou de Pulp, hymne anti-Blair plein de malice. Le morceau s'intitule Glory Days, tiré du brillantissime album This is hardcore, en date de 1997 (mais du politique, Manœuvre, il y a longtemps qu'il s'en fiche...)

     



      

    (1) Un peu comme les crétins de sportifs qui font des "quenelles" en expliquant que c'est un geste anti-système. Il est certain qu'au prix où ils sont payés, ils sont hors du système. Le pire n'est pas qu'ils soient complètement idiots mais qu'ils imaginent que nous le soyons autant qu'eux.

  • Souvenir d'enfance, Craig Armstrong

    Ne pas chercher un excès de bonheur ou les clichés de la tristesse. Donner un souvenir qui ait pu être, selon les jours, un engourdissement ou une longue évasion.

    ...

    Chacun ses secrets...



    Comme la cachette de la clé, pour la maison, derrière la pierre descellée du muret...