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photographie - Page 6

  • 8-Salle des pas perdus

     

    "À l'aveugle" est un ensemble de douze photographies de Georges a. Bertrand, que celui-ci m'a envoyées sans la moindre indication. Il s'agit d'écrire pour chacune un texte dans ces conditions d'ignorance. Une fois achevé ce premier travail il me donnera les informations que je désire, et j'écrirai pour chacun de ces clichés un second texte : ce sera la série "À la lumière de..."

     

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    C'est une manière de faire : s'approcher de la faille, en estimer la profondeur, parce qu'alors ils croient savoir, non pas résoudre, le danger auquel ils ont échappé, de ne pas avoir été là, au moment précis où l'entaille s'est faite et de ne pas y avoir été précipités. Le hasard qui les a protégés (Providence bénie par les incroyants même) est la clé de leurs plus beaux récits, la matière la plus haute de leurs aventures.

    Ils glosent et les aguerris font leur miel du taxi qui les retint dans les embouteillages, du retard de clefs heureusement perdues, ou de la fièvre à mourir qui les cloua au lit, alors qu'ils auraient dû être là, là, comprends-tu, là, dans ce hall immense ! La vie tient à peu de chose, n'est-ce pas ? Ils pavanent, se veulent d'un bloc, dissertent sur la tectonique des plaques. L'incertitude du monde, concluent-ils, projetant sur la moindre secousse le fantôme cataclysmique de San Andreas.

    Mais toi (ou moi, ou un(e) autre), tu remarques d'abord que la vie venue de loin a hypothéqué l'asphalte, cette certitude moderne, et que la profondeur (non pas la mesure vue du bord, mais l'origine, insondable), prise ainsi de biais, et en hauteur, comme un reste, une trace, une anthropométrie révélée à partir du dehors avec quoi nous composons, dans quoi nous nous décomposons, ressemble à une cicatrice.

     

     

  • 7-Passage à l'âme

     

    "À l'aveugle" est un ensemble de douze photographies de Georges a. Bertrand, que celui-ci m'a envoyées sans la moindre indication. Il s'agit d'écrire pour chacune un texte dans ces conditions d'ignorance. Une fois achevé ce premier travail il me donnera les informations que je désire, et j'écrirai pour chacun de ces clichés un second texte : ce sera la série "À la lumière de..."

     

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    Plan de face. Deux visages. Le sourire et le retranchement. Un regard qui désire (peut-être), pendant que l'autre guette.

    Il n'y a pas d'instantané, ainsi, mais trois temps dont un seul, en suspens, nous est donné, celui pendant lequel les visages qui demeurent voient disparaître, derrière l'objectif, l'autre visage, de l'être qui court après le silence. Paradoxales présences, ici séparées par un appareillage doublé du carreau.

    À eux peut-être ne reste-t-il que le souvenir que ravive le soir tombant de l'étranger arrêté sur le chemin ? Le souvenir de s'être vus dans le miroir mobile de l'écran d'un appareil numérique, quand cet étranger l'a tendu vers eux et que sans se dire un mot, sans chercher à s'expliquer l'entière complexité de l'art, ils se sont contemplés ?

    Et toi, qui regardes derrière l'écran (mais au retrait d'une feuille glacée de livre, il n'en serait pas différemment), tu ne sais s'il y eut étonnement, négociations, palabres, rires, muette circonspection.

    Cela te regarde-t-il ? Le  mystère de l'amour de l'autre, de l'amour à l'autre, que l'on aura à peine rencontré souvent, doit garder sa part grande, quelles que soient les circonstances. Hommaginaire du voyageur.

  • 5-Comme au cinéma

    "À l'aveugle" est un ensemble de douze photographies de Georges a. Bertrand, que celui-ci m'a envoyées sans la moindre indication. Il s'agit d'écrire pour chacune un texte dans ces conditions d'ignorance. Une fois achevé ce premier travail il me donnera les informations que je désire, et j'écrirai pour chacun de ces clichés un second texte : ce sera la série "À la lumière de..."

     

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    Nous sommes de plus en plus habillés des lunettes noires, couvrant jusqu'à l'extrême les limites de notre regard. Men in black, arpentant les rues, traînant dans les bars, attendant dans les gares. Ersatz de films américains ou asiatiques, nous cultivons moins le mystère que la mise en scène de notre énigmatique passage. Le regard dérobé, c'est autant de fureur ou de détresse que nous donnons à discuter à ceux qui nous croisent. Appuyé contre un pilier de froid métal, je suis, selon le temps et la posture, l'ennuyé magnifique ou le danger inabordable, le guetteur ou le fuyard, l'amoureux enténébré ou le renié. Parfois, souvent, ni l'un ni l'autre. Juste une éraflure dans le champ de vision de mes égaux. Mais J'ai soustrait le miroir de mon âme à sa banalité. Et c'est ainsi que je peux paraître, n'étant rien...

  • 4-À feu et à sang

    "À l'aveugle" est un ensemble de douze photographies de Georges a. Bertrand, que celui-ci m'a envoyées sans la moindre indication. Il s'agit d'écrire pour chacune un texte dans ces conditions d'ignorance. Une fois achevé ce premier travail il me donnera les informations que je désire, et j'écrirai pour chacun de ces clichés un second texte : ce sera la série "À la lumière de..."

     

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    Le désir, c'est l'ombre. Non pas l'ombre seule, car en sa continuité, elle n'aurait pas plus de prix que la pleine lumière. Mais l'ombre fureteuse, nappe de grâce intérieure (notre vie, nos pulsions) taillant sa route pour aller du nœud dans les cheveux aux yeux, des yeux à la dentelle. En plus, me dis-je, gitane, andalouse, qui sait... Babil méditerranéen, ardant notre compassion d'un Canto de Lorca. Et nous imaginons toujours, dans cette voix plus nue que l'épaule tremblante, une histoire déchirée, un mélodrame dont, en d'autres endroits, notre esprit se détournerait. Mais nous l'écoutons, religieux, quasi. Elle chante le désir, l'ombre du désir, mélange de chevelure en mouvement, floue, de guipure odorante et de pupille-feu.

  • 3-Simple

    "À l'aveugle" est un ensemble de douze photographies de Georges a. Bertrand, que celui-ci m'a envoyées sans la moindre indication. Il s'agit d'écrire pour chacune un texte dans ces conditions d'ignorance. Une fois achevé ce premier travail il me donnera les informations que je désire, et j'écrirai pour chacun de ces clichés un second texte : ce sera la série "À la lumière de..."

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    Il faut peu pour son visage illuminer. Que le terrain vague soit son aire de danse ; que son habit informe soit tenture de scène et voile improvisé(e) ; qu'en quelques mots elle se laisse convaincre de chanter la douce matine que lui a apprise sa mère. Son visage, si doux, si fin, à mille lieues de tous ces enfants-singes...

  • 2-Mirek

    "À l'aveugle" est un ensemble de douze photographies de Georges a. Bertrand, que celui-ci m'a envoyées sans la moindre indication. Il s'agit d'écrire pour chacune un texte dans ces conditions d'ignorance. Une fois achevé ce premier travail il me donnera les informations que je désire, et j'écrirai pour chacun de ces clichés un second texte : ce sera la série "À la lumière de..."

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    Dirais-tu, Mirek, que c'est un petit matin ? Il n'y a pas de petit matin, tu le sais, toi, si par "petit", on voudrait croire qu'ici il y aura de la douceur, soleil juste comme il faut, commençant à rouler sa bosse, encore tiède de nuages hauts qui lui font voilette. C'est rare, très rare. Possible mais rare. Donc, pas de "petit matin".

    À moins que tu veuilles signifier le rétréci du ciel, du chemin, de la respiration à contre-temps du pas, lui-même en retard, toujours en retard sur le tic-tac de la roue arrière qui tourne.

    Cela, ainsi : après l'impératif réveil que j'ai placé à l'autre bout de la pièce pour m'obliger à fuir le lit, l'eau du broc qui ploque dans la cuvette en émail, les volutes du café bouillant, le tic-tac du vélo que je traîne (engin et ritournelle) depuis le pied de la côte, celle à la sortie du hameau. Je traîne cette feraille comme un chien près de crever. Elle me sera pourtant très utile, ensuite, pour les dix kilomètres jusqu'à la fabrique. Mais il y a un temps où il faut que je récupère de la pente. Ce n'est plus comme avant. Haleine en buée, brume au ras du sol.

    Tic-tac de la roue, toujours, et plus un mot à dire sur le chemin depuis que tu es mort, Mirek, à l'automne.

  • 1-Plongeoir

    "À l'aveugle" est un ensemble de douze photographies de Georges a. Bertrand, que celui-ci m'a envoyées sans la moindre indication. Il s'agit d'écrire pour chacune un texte dans ces conditions d'ignorance. Une fois achevé ce premier travail il me donnera les informations que je désire, et j'écrirai pour chacun de ces clichés un second texte : ce sera la série "À la lumière de..."

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    Tel est l'état qui n'existe pas, n'étant qu'un passage arraché par soi-même au sol, avant de se rendre à la paresse de l'eau, constellé de gouttes et d'écume, momentanément disparu, comme l'assistant d'un magicien. Dans l'air, en l'air... Est-ce d'ailleurs la même chose ? La photographie fixe l'impensable élévation, mais, paradoxe, mieux dans la chute qui s'ensuit. La liberté, certes illusoire, enjoint à quitter le support, le port anatomique : talon inerte, alors que l'impulsion est venue de cet endroit, un peu en avant de la voûte plantaire. Liberté d'une immédiate lâcheté de la corde sensible qu'est devenue la joie du corps étiré à son extrême.

  • Camille Claudel, ce qu'on fait à la beauté

    Je me suis déjà arrêté sur cette photo de Camille Claudel pour souligner combien sa beauté me fascinait et il n'est pas question de nuancer ce premier propos. En revanche, ce cliché ouvre sur une réflexion plus large touchant à la redéfinition des valeurs que peut entraîner l'apparition aussi soudaine d'une telle image.

    La première fois que je vis ce portrait, et sans doute n'ai-je pas été le seul dans ce cas, c'était à l'occasion de la parution en poche de la biographie que lui a consacré Anne Delbée reprenant le texte publié aux Presses de la Renaissance en 1982. Les contraintes malheureuses de la répartition administrative m'avaient amené à suivre un cours sur la littérature féminine, ce qui ne me passionnait guère, tant ce genre d'intitulé me laisse perplexe : je n'ai jamais compris comment on pouvait formuler de telles découpages et je gage fort que dans une lecture à l'aveugle de quelques pages d'écrivain(e)s bien des partisan(e)s des gender studies se retrouveraient, comme on dit familièrement, le bec dans l'eau.

    La féminisation des études littéraires étant un fait (sur lequel je ne porte aucun jugement de valeur), je me retrouvai donc au milieu de jeunes femmes qui furent très largement émues des malheurs de Camille Claudel, ce qu'on peut comprendre. Et sa fin tragique, dans un mouroir psychiatrique en 1943, n'en est pas l'épisode le moins poignant (épisode qui, d'un autre côté, nous éclaire sur ce que fut aussi la grandeur de l'État français à cette époque). Nous découvrîmes donc, pour la plupart, la splendeur passée sous silence d'une œuvre devant laquelle un monde masculin (de Rodin au frère, Paul Claudel) avait, d'une certaine manière, reculé. Elle n'était que la énième victime de cette appréciation sexuée de l'art mais ses sculptures parlent désormais pour elle, ce qui est malgré tout l'essentiel.

    Néanmoins cette photographie apportait un supplément rageur à la détresse de Camille et je ne cessai d'entendre des commentaires estudiantins sur la beauté de cette jeune femme, comme si ce constat rendait plus injuste l'occultation de son aventure artistique. Eût-elle été moins séduisante, voire laide, me disais-je parfois, qu'on aurait eu, à son égard, moins de compassion, moins de révolte. C'est, autant qu'il m'en souvienne, l'une des premières fois où m'apparaissait le basculement progressif du champ artistique dans une mythologie en train de se faire à grands coups de clichés (au double sens du mot) : une femme belle, intelligente, entière, géniale... Tout pour réussir, si l'on veut reprendre la vulgate d'une société qui aime tout mesurer.

    Cela était d'autant plus facile à construire que le repoussoir était trouvé :  plus que Rodin, le frère, Paul Claudel (et sur ce plan, évitons les ambiguïtés : Anne Delbée n'en est nullement responsable, qui a servi avec constance l'œuvre de l'écrivain). Celui-ci avait tous les atouts du méchant : la masculinité hautaine, la réussite exemplaire, littéraire et sociale (ambassadeur, tout de même), une écriture si peu accessible, un catholicisme militant, à l'heure où déjà celui-ci était la cible de tous les progressismes grotesques, comme s'il avait constitué l'alpha et l'oméga de tous les malheurs du monde. Oui, Paul Claudel, dont la rondeur bourgeoise, le visage quelconque ne pouvaient faire fantasmer une époque qui demandait des symboles photogéniques (c'était un temps où l'éclat du Che ou de Rimbaud remplissait la jeunesse d'un supplément d'âme... Et bientôt nous verrions sur la couverture des œuvres littéraires le bandeau où l'auteur, s'il (ou elle) est présentable, jeune et dynamique, pose, un peu sérieux. La littérature photo-Harcourt de l'ère moderne.). Par images interposées, il s'agissait de prendre parti, de se définir dans une logique manichéenne où à l'outrance conformiste et à la banalité esthétique de l'un répondaient, visiblement, la déraison, la liberté et la beauté insondable de l'autre. L'attitude de Paul Claudel vis-à-vis de sa sœur pouvait alors passer pour une illustration symbolique de ce qu'il était : un être à la catholicité peu estimable.

    Il n'est pas étonnant que le cinéma se soit emparé illico presto de cette figure, sous les traits d'Isabelle Adjani. Camille Claudel est un cas d'école où l'occasion fait le larron. Il y a alors un créneau à occuper : prenons-le. Pourquoi pas ? Mais c'est, là encore, une forme d'indécence qui pointe son nez, la récupération facile d'une image à des fins bassement commerciales, permettant de passer d'une beauté qui ne fut pas que beauté, mais artiste aussi, à la platitude d'une interprétation sans surprise, dans un film médiocre jouant sur les bons sentiments. On appelle cela de la récupération, mais c'était bien dans l'air du temps, et Camille Claudel ne méritait pas un tel traitement.



     

  • Ce que peut la beauté

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    Cette femme, si belle, tout le monde en connaît l'identité désormais, depuis qu'elle est en couverture de l'édition de poche de la biographie écrite par Anne Delbée. Il s'agit de Camille Claudel. Elle est d'une beauté extraordinaire : la douceur du visage et la rigueur du regard, avec cette profondeur soutenue de l'œil sombre, comme une exacte inversion de cet autre regard fracassant, mais clair et comme lointain, devenu lui aussi célèbre, celui d'Arthur Rimbaud. Beauté de Camille Claudel qui trouble tant on peut habituellement faire l'expérience que celle-là ne passe pas le temps, nous tenant à distance esthétique, parce que temporelle, de ce qui fut la promesse rêveuse d'un visage.

    Encore la peinture a-t-elle bien moins failli en la matière, établissant à ce titre son infinie supériorité en comparaison de la photograhie. L'histoire de la peinture est longue de ces êtres chez lesquels notre bonheur tient aussi à ce qu'on y trouve une sorte d'éclat universel, une infinie délicatesse qui va bien au delà des variables canons de la beauté. De l'Annonciation de Simone Martini (XIIIe siècle), où la douceur de l'ange fait face à l'étonnement sublime de la Vierge, à l'Adèle de Klimt (XXe) en passant par la Madone de Bellini exposée à l'Académia (XVIe), celles du Caravage (fin XVIe), ou le portrait de Madame Rimsky-Korsakov de Winterhalter (XIXe). Choix subjectif, étroit et donc un peu ridicule, j'en conviens. Devant chacune de ces apparitions (fictives puisque ce n'est pas l'identité au modèle qui nous importe mais la confrontation à une altérité dont nous pressentons que l'artiste a su la transfigurer en une sorte d'éternité sensuelle et proprement magique), nous passons outre le temps pour ne conserver que l'expérience de la reconnaissance des profondeurs dont le quotidien nous éloigne. Ces femmes (mais il en est de même pour les hommes...), nous oublions le paysage dans lequel ellee évoluent, nous oublions même leurs atours : nous n'en gardons que l'envie désespérante de ne pas avoir pu les rencontrer un jour, de n'avoir pas été l'Ange, le dédicataire, le serviteur, mais plus encore le peintre contemplatif (quoique les termes soient, je crois, antinomiques).

    La photographie, quant à elle, ne peut jamais (ou quasiment : le cliché plus haut en est le démenti) atteindre à la profondeur dont je parlais. Si je m'arrête devant un portrait de Louise Brooks, de Jean Harlow, de Jane Russel, et même Rita Hayworth ou Marylin Monroe (laissant de côté la beauté glacée et désincarnée des top-models, maintes fois retouchées, aussi fictives que les portraits peints mais dans un autre ordre où il ne s'agit pas de retrouver l'essence de l'être : plutôt de gonfler, de boursoufler l'apparence et le vide.), je n'arrive jamais à faire abstraction du temps. Je vois dans la coupe de cheveux, le maquillage, la moue ou l'impavidité, l'ancrage du visage dans son époque. Je me dis : c'était une beauté à ce moment-là, et plus rien ne peut se produire. Je les contemple et même s'il n'y a que ce visage, dans un cadrage resserré, il traîne avec lui son cortège daté d'apparat. A-t-il perdu de son attrait ? Pas totalement, bien sûr, et même, souvent, il est désirable, mais infiniment moins que celui de la jeune femme que je viens de croiser, belle sans le savoir parfois, et que je ne reverrai jamais (où l'on se remémore alors Baudelaire, À une passante)

    Mais Camille Claudel... Justement, elle, dans cette frontalité un peu abrupte, ce sourcil marqué et cette chevelure négligée (loin du sauvage étudié des gravures de mode), cette tension d'éternité, cette suspension de la féminité telle qu'on a décidé de nous la vendre depuis la mode est devenue un appareillage commercial, féminité de pacotilles, elle a ce qui en fait un être des plus magnétique. Elle nous regarde et nous oublie, projette son œil au delà de cette attente ; elle est encore dans la juvénilité du non-consentement à l'ordre de la représentation (soumission qui fut pourtant acquise bien vite par celui qui posait, dans sa conscience magistrale de vouloir être à l'éternité : qu'on se reporte au cliché le plus connu de Baudelaire qui joue son air de vampire urbain cynique jusqu'à la caricature.). Elle nous tient en respect, non à la manière d'une star vivant dans l'instant de sa gloire, mais par la puissance  de ce regard qui nous ignore, de ces traits démentant la sagesse du vêtement. Son identité s'impose ; elle est de chair. Nous ne la voyons pas d'ailleurs ; nous la rencontrons. Rencontre parlante, encore une fois parlante, toujours parlante, malgré la désormais célébrité du cliché, et qui me détourne de ce pourquoi je voulais d'abord écrire ce papier. Il faut savoir parfois ne pas se déprendre de ses fascinations.