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off-shore - Page 6

  • Aucun homme...

    Aucun homme n’est une île, un tout, complet en soi ; tout homme est un fragment du continent, une partie de l’ensemble ; si la mer emporte une motte de terre, l’Europe en est amoindrie, comme si les flots avaient emporté un promontoire, le manoir de tes amis ou le tien ; la mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain ; aussi n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c’est pour toi qu’il sonne.

               John Donne (1572-1631), Méditation XVII

  • Bien en face

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    Elle est bien en face, la fenêtre. Tu peux savoir que tu es là sans y être. Le bris de la vitre et le désordre à l'intérieur t'effacent, suspendent ton image. Ce n'est pas un autoportrait mais une métaphore, c'es-à-dire un signe qui s'est déplacé dans le sens et dans l'espace. La chose te soustrait. Il faut penser la mort ainsi, et ce n'est pas facile, de voir le moment où l'on n'est plus là et que les choses nous survivent, même celles que nous ne considérons pas. La moindre masure surpasse notre chemin. 

    La fenêtre, ou ce qui s'ouvre sur le monde, des théories de la perspective à celles de John Szarkowski sur la photo. Sinon qu'ici, c'est l'inverse : une fermeture ou une concentration. Tu l'as prise sans hésiter, en sachant que tu n'avais pas à chercher la meilleure place possible, parce qu'il ne peut y en avoir. Ton regard ne trouvera jamais ton corps, tu le sais. C'es au-delà que l'histoire se passe. A la fois tout et rien...

     

    Photo : Ph. Nauher

  • Les apprentis sorciers

    Bashung sort en 2002, après l'incroyable Fantaisie militaire de 1998, un opus crépusculaire intitulé L'Imprudence. Cet album est intégralement remarquable. La composition qui suit est exemplaire.


  • Les angles

    La rencontre de deux murs forme un angle, obtus ou aigu, le plus souvent droit, parce que c’est ainsi que l’on imagine la stabilité la plus grande et la lisibilité du monde la plus simple. L’angle droit est le propre de ce qui est carré, comme on dit. La netteté mathématique voudrait avoir une vertu matérielle et spatiale. Ce serait une manière efficace de confronter sans heurts les tensions.

    Mais ici, qu’en est-il ? Il y a le choix d’arrondir les angles, d’enrouler la rigueur putative de l’architecture dans une enveloppe qui contourne la percussion des plans. C’est l’enrobage, là où on attendait une arête. Un élémentaire qui, ainsi saisi par l’objectif, rappelle la charnière à spirales de quelque dossier à moitié ouvert, comme pour une exposition dans une vitrine.

    Cependant, l’esprit ne s’y trompe pas. Cet angle adouci subit le démenti de l’ombre qui mange le tableau et le transforme en pilier (pilier d’une hypothétique voilure de ténèbres : un mat qui ne monte pas au ciel mais descend vers les Enfers). Plus encore : ce sont les lignes à angle droit (même si la perspective peut fausser le jugement…), le quadrillage vitrifié qui donne une autre vérité. On y voit la trame, c’est-à-dire l’intrigue. Le texte du mur, du mur tel que le conçoit la modernité se dépassant elle-même. La structure y a la finesse d’une lame, la légèreté d’un fil, et pour le reste, il s’agit d’une opacité menaçante, l’impact glaçant de l’invisible.

    On note, çà et là, des îlots de clarté, où se condense le dehors qui ne peut, semble-t-il, aller plus en profondeur. Ce sont des formes illusoires, des concentrations impuissantes. Rien qui soit, de près ou de loin, similaire à l’ouvrage gothique d’une transformation de la lumière. Dès lors, l’angle des murs peut épouser la courbe la plus belle et nous détourner de l’essentiel…

  • L'image inaudible et virtuelle

    En écoutant Macron, hier soir, c'est-à-dire en entendant la confusion, l'incohérence et le souci de "tout" reprendre en main, coûte que coûte (et non pas, en faussaire de la Providence, "quoi qu'il en coûte"), j'ai repensé à ce texte de Claude Amey (peut-être à cause du dernier mot de celui-là...). Je voyais, plus que je n'entendais, une parole-image, qui n'en finissait pas, qui inventait l'horreur tout autant que la biologie la propageait (ou non). C'était la distorsion d'une guerre sans combat, d'un ennemi sans identité, tout ce qui était convenable pour un pouvoir sans autre réalité que sa volonté de pouvoir (c'est-à-dire de ne pas pouvoir, de n'en plus pouvoir...). Et je me disais, in fine, qu'il allait passer en boucle, Macron, que cette image occuperait le temps à défaut de maîtriser l'espace. C'était proprement un moment incroyable... 

    « L'image s'est décollée des choses en les emmenant avec elle, et décollée de l'art avec son aura ; elle n'est plus médiation mais radiation du tout visible ; l'image participe donc de l'immanence du monde et de la vision qu'on en a, non  pas seulement au sens d'avoir une image (une vision) du monde, mais au sens où l'image est aussi le fait d'une révolution de l'optique physique des appareils de vision -rappelons le télescope, le microscope, et aujourd'hui l'ordinateur et l'automation de la perception par exemple dans la recherche militaire (voir la guerre du Golfe), où il n'y a plus de regard, les choses voyant par elles-mêmes ce que l'œil ne peut percevoir. Ajoutons qu'à un niveau plus basique ou quotidien, celui du maniement de l'appareil photo, quand le photographe mitraille son objet ou que son corps danse autour de son modèle (comme on peut le voir dans Blow Up d'Antonioni), il devient en soi un mode optique entre la chose et l'image.

    La pluralité des appareils de vision à la subjectivité ou au virtuel, produit ce que Virilio appelle le « bloc-image », qui s'autogénère en cercle d'informations participant de la constitution de l'image du monde qui n'est donc plus son doublon ; en bref, on ne peut plus comparer les images et les choses, elles ne comparaissent plus les unes devant les autres en opposition dialectique, mais forment un bloc dynamique, comme une sorte de simulation générale doublée d'une contamination ».

    Claude Amey, « Le revers des images », Regards sur l'image, Klinsieck, 2009

  • Le sourire

    Ce que tu sais.

    Sans besoin de le voir, de le dire, de le vérifier...

     

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  • Vespa Roma

    « Au sein de l'inventaire des moyens de déplacement qu'effectue le photographe [Bernard Plossu], la vespa occupe une place particulière. Objet cinématographique par excellence depuis les années cinquante jusqu'au Caro diario de Nanni Moretti, la vespa est le symbole de la fluidité dans un monde engorgé, mais aussi celui de la démocratie du transport, de la belle mécanique accessible à tous. Le deux-roues semble consubstantiel à la ville méditerranéenne : il sied au climat, à l'étroitesse des rues, aux formes pentes qui découragent le cycliste. Sa photogénie ne reçoit jamais de démenti. Le conducteur du scooter est assuré de séduire : il a pour lui la jeunesse et l'absence de prétention. La vespa incarne à merveille le design de l'Europe méridionale en tant qu'il produit beaucoup d'effets avec une apparente économie de moyens, et qu'il assigne d'emblée au déplacement une dimension ludique : elle offre, comme autant de sacoches légères, de petites primes de plaisir. »

    Cette brève et très claire évocation de la Vespa par Jean-Louis Fabiani t’a ramené plus de trente ans en arrière, alors que tu découvrais Rome pour la première fois, et plus particulièrement à une fin d’après-midi, non loin du cimetière protestant, où tu étais venu rendre hommage à John Keats. Il était cinq heures et le petit magasin, pour faire tes courses avant de repartir au lido d’Ostia, n’était pas encore ouvert. Il aurait dû l’être mais tu découvrais depuis une semaine la qualité élastique de la sieste transalpine. Il faisait chaud et sur la porte de l’enseigne : chiuso. Alors, pour échapper à la lassitude, et parce que l’agitation de la gare Ostiense te répugnait, tu t’assis à même le sol, contre un mur, à un carrefour, et bientôt commença un ballet dont tu avais déjà observé quelques épisodes, furtivement, et dont tu pus pendant plus d’une demi-heure, vérifier la spectaculaire permanence.

    A la croisée des quatre voies, chacun arrivait avec une désinvolture klaxonnante pour signifier qu’il allait passer. On freinait à peine ; on se frôlait ; on accélérait ; on râlait ; on esquivait. Et cette singulière anarchie sans conséquence grave (ni glissade, ni accrochage) n’était pas le seul fait des automobilistes, avec la carrosserie en bouclier. Loin de là. Les deux-roues y tenaient le rôle principal. Ils semblaient s’amuser de tout. Deux-roues ? Pour être plus précis : les Vespa. En solo, ou en duo, avec la belle derrière, en amazone. Sans casque. C’était encore le temps mémorable des cheveux au vent. Imagine-t-on, à l’instar de Moretti, Cary Grant et Audrey Hepburn avec un intégral ou un bol, dans Vacances romaines. Tout, dans ce trompe-la-mort, au carrefour, à peine une décélération, donnait à la Vespa et à ses périlleux pilotes, une dimension jubilatoire et, bien sûr, cinématographique, comme le rappelle Fabiani. L’abeille piquait ta curiosité et tu n’espérais pas qu’une catastrophe vînt ternir cette démonstration du hasard heureux. Les météores suivent leur trajectoire.

    Tu avais donc l’occasion de vérifier que l’Italien et la Vespa étaient inséparables, quasi consubstantiels. Partout sur les trottoirs, dans les cours, dans les ruelles ; partout le devoir de composer avec leur art de se faufiler ; et sur les grands axes, des nuées où se mélangeaient les banlieusards, les gandins, les cravatés et même, parfois, les soutanes. En ce début des années 80, ces équipées doucement sauvages te donnaient l’illusion de te plonger dans la Rome des années 50, de sentir l’insouciance trouble d’une vie exubérante essayant de s’accommoder des règles.

    La Vespa avait, jusque dans la ligne, l’élan gracile de sa désignation. Elle était moins un mode de transport qu’un idéal de fluidité et un modèle chevaleresque, quand un garçon invitait une fille pour faire un tour. Il y avait en elle une esthétique ronde, quasi féminine. En France, nous avions l’immonde mobylette, le 102 ou 103 Peugeot, qui n’était rien d’autre qu’un gros vélo motorisé. D’un côté, le charme ; de l’autre, la grossièreté. Quand on regardait la Vespa, tu voyais une frontière dans l’art de la séduction. La séduction par la conduction. Tout un programme.

    Au fil des années et de tes retours à Rome, tu as déploré que la Vespa soit lentement mise au rebut, au profit du scooter. De l’italien à l’anglais, il y a un monde. L’anglicisation de la planète est un signe éminemment mortifère. Seuls les imbéciles de la communication universelle peuvent béatement s’y retrouver. Le problème, c’est qu’ils sont de plus en plus nombreux. Le scooter, on le comprend aisément, n’est pas la Vespa, mais une imitation customisée pour territoires sécuritaires/sécurisés et pour les adeptes de la gadgétisation à outrance. Le scooter glisse lentement vers la moto de ville pour actifs CSP+ ou pour petits frimeurs de banlieue. Ce ne sont plus les formes douces de la version italienne mais la modélisation mastoc, bourgeoise et empesée d’un univers qui étale son désir insatiable de confort. La frime tendre et juvénile a laissé la place à la bouffissure satisfaite. De fait, le scooter est un des objets les plus hideux de notre époque. Il pue l’assise et l’ambition. La Vespa n’est plus qu’un vestige. Comme beaucoup de signes par quoi nous marquions des différences spatiales et culturelles.

    Le déclin de la petite abeille suit la disparition des frontières et de la monnaie. Les douaniers sont des spectres ; tu paies en euros ; les rues romaines sont scooterisées. Il ne faut pas croire au hasard, en la matière, et la désolation qui t’habite est un paysage où les éléments les plus étrangers en apparence se disposent de manière très efficace. Tu n’es pas de ceux que la practicité du monde (ne pas s’arrêter à la douane ; ne pas montrer ses papiers) et la rationalité économique (plus de changes ; plus de dévaluation) fascinent. Au contraire. Parce qu’un monde unique n’en est plus un. La Vespa est italienne et toutes les années où tu as pu retourner dans ce pays, du temps de la frontière et de la lire, tu en as eu le cœur net. Sa relégation, au-delà de quelques ajustements pour faire moderne est un sujet qui t’attriste. Cela n’a rien à voir avec la nostalgie, moins encore avec ce goût frelaté du patrimoine. Ton regret compte moins que ce sentiment diffus d’une muséologie des différences, les vraies, celles qui donnent du sens et de l’histoire à la vie, pour permettre le triomphe de l’uniformité libérale.

     

    (1)Jean-Louis Fabiani, préface à Bernard Plossu, L'Europe du sud contemporaine, Images en manœuvres Editions, 2000

  • Actualité de Léon Bloy

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    Gustave Flaubert nous avait déjà gratifiés d'un Dictionnaire des idées reçues qui ne manquait pas de sel mais en restait justement aux limites du cadre définitoire. On attend que l'écriture se déploie, en vain (certains diront que l'auteur s'était chargé de mettre en scène la bêtise dans ses romans... certes). Avec son Exégèse des Lieux communs, Léon Bloy satisfait notre désir jubilatoire. On y trouve l'acidité, la radicalité d'une fin de siècle qui soulignent combien notre présent est aseptisé. Mais il paraît que l'esprit caustique n'est plus de mise. Il faut une consensualité apaisante, que les mots sont doux (sans doute pour compenser la dureté du monde). Bloy mêle le déchaînement littéraire à un regard acerbe sur ce qui l'entoure, le premier procédant sans aucun doute du second. Des Esseintes, le héros du À Rebours de Huysmans, parle déjà d'«une langue tout à la fois exaspérée et précieuse». Pour ceux qui ne l'aiment guère, et il y en a (la France a ses pestiférés et ses saints, dans une distinction qui mériterait qu'on s'y arrête plus longuement), Bloy, c'est le fiel, la haine, une misanthropie vindicative et lassante. Quand bien cela serait-il, il faut ne pas l'avoir lu pour le réduire à ce jugement. Et s'il fallait considérer la littérature à l'aune de la bien-pensance actuelle, nous aurions une bien petite bibliothèque. Bloy, comme Flaubert, était un homme peu facile. Il n'aimait voir le monde se fourvoyer, ne chantait pas sur les grandes orgues du progrès, voyait avec lucidité s'établir les enjeux d'une idéologie marchande conduisant à l'acculturation massive (et qu'on ne nous parle pas des Trente Glorieuses comme démenti : le bonheur occidental doit tout au spectre communiste, à la peur de l'invasion venant de l'Est. Nous devons moins notre bonheur matériel à nos propre luttes qu'aux menaces d'une extension communiste, aux SS20 et au goulag... Mais la récréation est finie, comme le prouve le mouvement régressif dans lequel nous sommes pris). En ces temps où triomphent la financiarisation du monde et la soumission pleine et entière à la loi du marché, relisons cette page publiée en 1901.

     

    LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES

    De tous les Lieux Communs, ordinairement si respectables et si sévères, je pense que voici le plus grave, le plus auguste. C'est l'ombilic des Lieux Communs, c'est la culminante parole du siècle. Mais il faut l'entendre et cela n'est pas donné indistinctement à tous les hommes. Les poètes, par exemple, ou les artistes le comprennent mal. Ceux qu'on nomme archaïquement des héros ou même des saints n'y comprennent rien.

    L'affaire du salut, les affaires spirituelles, les affaires d'honneur, les affaires d'État, les affaires civiles même sont des affaires qui pourraient être autre chose, mais ne sont pas les Affaires qui ne peuvent être que les Affaires, sans attribution ni épithète.

    Être dans les Affaires, c'est être dans l'Absolu. Un homme tout à fait d'affaires est un stylite qui ne descend jamais de sa colonne. Il ne doit avoir de pensées, de sentiments, d'yeux, d'oreilles, de nez, de goût, de tact et d'estomac que pour les Affaires. L'homme d'affaires ne connaît ni père, ni mère, ni oncle, ni tante, ni femme, ni enfant, ni beau, ni laid, ni propre, ni sale, ni chaud, ni froid, ni Dieu, ni démon. Il ignore éperdument les lettres, les arts, les sciences, les histoires, les lois. Il ne doit connaître et savoir que les Affaires.

    -Vous avez à Paris la Sainte-Chapelle et le Musée du Louvre, c'est possible, mais nous autres, à Chicago, nous tuons quatre-vingt mille cochons par jour !... Celui qui dit cela est vraiment un homme d'affaires. Cependant, il y a plus d'hommes d'affaires encore, c'est celui qui vend cette chair de porce, et ce vendeur, à son tour, est surpassé par un acheteur profond qui en empoisonne tous les marchés européens.

    Il serait impossible de dire précisément ce que c'est que les Affaires. C'est la divinité mystérieuse, quelque chose comme l'Isis des mufles par qui toutes les autre divinités sont supplantées. Ce ne serait pas déchirer le Voile que de parler, ici ou ailleurs, d'argent, de jeu, d'ambition, etc. Les Affaires sont l'Inexplicable, l'Indémontrable, l'Incirconscrit, au point qu'il suffit d'énoncer ce Lieu Commun pour tout trancher, pour museler à l'instant les blâmes, les colères, les plaintes, les supplications, les indignations et les récriminations. Quand on a dit ces Neuf Syllabes, on a tout dit, on a répondu à tout et il n'y a plus de Révélation à espérer.

    Enfin ceux qui cherchent à pénétrer cet arcane sont conviés à une sorte de désintéressement mystique, et l'époque est sans doute peu éloignée, où les hommes fuiront toutes les vanités du monde et tous ses plaisirs et se cacheront dans les solitudes pour consacrer entièrement, exclusivement, aux AFFAIRES.

     

  • Les tours

    A ceux qui veulent misérablement me plaindre d’avoir grandi au milieu de grandes tours, qui faisaient comme un cercle totémique, je répondrai que cette grande parade bétonnée et vitreuse m’obligea, avant que de partir de là, pour ne pas demeurer dans la solidité hermétique du quotidien, à lever les yeux, pour rechercher le vaste ciel.

    Sans ces murs si hauts, qu’on se sentait abîmés dans un cratère sec (le volcan du square où nous jouions n’avait jamais fait bouillir la marmite des rêves), peut-être n’aurais-je jamais senti l’obscurité fraternelle du bleu infini que dérangeait la révolution des nuages, grâce auxquelles (obscurité et révolution, qu’on ne sépare pas l’une de l’autre), j’ai appris à marcher dans les villes, sans peur ni amertume.