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travail

  • Job (substantif)

    Dans la série des anglicismes qui ne devraient servir à rien mais dont l'usage induit une inflexion de l'esprit français vers les valeurs anglo-saxonnes, il y a job.

    Nous sommes déjà passés de l'époque du métier à celui de l'emploi, ce qui, pour beaucoup, signifie un rabais qualitatif du travail et pour la plupart une disponibilité, une flexibilité, une employabilité dont le nouvel esprit du capitalisme (comme l'ont si bien décrit Boltanski et Chiapello) voudrait nous faire croire qu'elles sont une chance, alors qu'elles sont les révélateurs d'une incertitude chronique et stratégique (du point de vue des dirigeants). Et ce n'est pas la dernière loi socialo-libérale sur la "sécurisation de l'emploi" (justement) qui va arranger la situation. Le désastre est tellement flagrant et la complicité des gouvernants de progrès tellement évidente qu'on se doit de rappeler tout ce qu'un Jean-Claude Michéa dénonce d'une gauche qui fait pire, d'une certaine manière, que la droite.

    Mais revenons à notre job.

    Pour les gens de ma génération, l'usage de ce mot était circonscrite : il renvoyait quasi exclusivement à cette période estivale pendant laquelle on cherchait un boulot pour financer ses études ou partir en septembre avant que la fac ne reprenne son train-train en octobre. Le job avait par excellence cette connotation joyeuse parce que temporaire d'un travail qui ne pouvait pas nous définir, par lequel nous étions concernés pour autant que le plaisir ou l'indépendance relative était au bout. Jusqu'à un certain point (je pense à ceux qui faisaient des colonies), le job servait à vous fabriquer des souvenirs.

    Avec le temps, le job s'est installé dans le quotidien, dans la continuité annuelle d'une société en crise, dans la perpétuation des incertitudes sociales et économiques. Ce qui tenait du furtif et du sommaire sans crispation s'est transformé en une recherche répétitive et flottante pour échapper la misère et à la précarité. Le job d'été n'est plus, ou si peu. À la place : trouver un job. Un job à l'année, s'entend, selon des contrats précaires, des renouvellements aléatoires, et des conditions défavorables. Par le biais de toutes ses connotations, le mot job a signifié que le monde du travail français avait changé, que les heures de gloire de l'ouvrier et de l'employé lambda, dans ses revendications de reconnaissance légitimes, étaient passées.

    Le job, c'est le managériat à l'américaine. C'est le triomphe symbolique de MacDo. C'est l'effacement de toute valeur humaine au profit de la comptabilité. Xavier ou Paul a trouvé un job : autant dire que ce sont des années de CDD et, même en cas de CDI, une plongée à la minute en cas de baisse d'activité. Le job cadre bien avec l'éternel jeunisme ambiant. Il va de pair avec le discours stratégique qui demande à ce que de votre énergie vous fassiez un plus pour l'entreprise. Et de presser le citron avant de le jeter.

    Il a fallu attendre le tournant des années 2000 et même un peu au delà pour le mot franchisse une étape supplémentaire, celle de l'univers politique. L'an passé, Copé l'ectoplasme disait que pendant la campagne il avait fait le job (a minima semble-t-il). Ce jour, Valls je-n'aime-que-moi déclare qu' "il y a un président de la République François Hollande qui je l'espère est là pour longtemps. Il y a aussi un Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui fait bien son job." Laissons de côté ce que le propos porte d'implicite et d'ambition. Retenons simplement que la politique est un job, que la direction politique est un job, que l'orientation d'une nation est un job.

    Faire le job... Il ne s'agit plus d'un travail. Cela n'équivaut pas à faire son travail. L'idée est tout autre. C'est le triomphe de la logique d'entreprise. Le job est indissociable du business. Il n'est pas étonnant que des personnalités aussi peu politiques que Copé ou Valls (mais les autres ne le sont pas plus) usent d'un tel vocabulaire. Le repli du politique sur les critères de l'économique, de la finance et des cadres comptables ne peut qu'aboutir à ce dépérissement. Ayrault fait (bien) son job ; il ne mène pas une politique. Et pour cause : il faudrait qu'il en ait une, qu'il ait le droit d'en avoir une, qu'il ait la volonté d'en affirmer une. Mais rien de tout cela ne peut désormais advenir.

    Reste le job. C'est-à-dire la posture et l'instrumentalisation à peine cachées maintenant de la classe politique qui occupe la place ou le poste, en sicaire obéissant de la finance (l'ennemi par principe, comme dirait l'homme normal...). Pour le job, la compétence est moins importante que la stratégie, la valeur moins porteuse que le symbole (sans quoi Ayrault ne l'aurait pas décroché, le job). 

    Dans le job, les ordre viennent d'ailleurs, la pression est extérieure, la raison invisible et le souci commun une petite brume qui se dissipe.

    Et après faire le job, que nous reste-t-il à attendre (façon de parler évidemment, puisque nous n'attendons rien, en soi) ? Do the job. Une version anglaise intégrale ou le statu quo. Belle perspecive d'un langage politique niché entre l'euphémisme (le mot rigueur n'a pas de raison d'être) et le sabir minimum d'une mondialisation asséchante et destructrice.

  • Seul(e)s...

     

    politique,précarisation,social-libéralisme,mariage gay,société,travail,droit

    C'est une tienne connaissance. Elle a vingt-huit ans et un parcours cahotique. Elle poursuit des études en histoire de l'art et pendant que vous discutez à une terrasse de la prochaine manfiestation pour tous, elle te répond que cette affaire ne la touche que lointainement et qu'elle trouvait depuis longtemps que tout le battage autour de cette question d'union lui semblait suspecte, qu'elle devait cacher quelque chose. Il y a quelques jours, elle a compris : l'adoption de la loi de sécurisation de l'emploi. Belle formule pour dissimuler la mort du CDI et l'instauration de la précarisation à tous les étages. Tout cela passé comme une lettre à la poste. Alors tes éructations contre le mariage gay, elle a la courtoisie de comprendre mais ce n'est pas sa préoccupation immédiate.

    Tu n'as rien à rétorquer devant l'inquiétude légitime et palpable d'une décision qui engage une vie et tant d'autres. Tu acquiesces et la seule chose que tu puisses répondre tient d'une analyse à laquelle elle adhère mais qui demeure encore trop lontaine. 

    Parce qu'il n'y a pas de différence fondamentale entre le mariage gay et l'insécurité professionnelle. Les deux décisions, l'une sociétale, visible, spectaculaire, polémique, l'autre, économique, sournoise, dissimulée, consensuelle relèvent de la même logique. Logique double : détruire les structures repères pour amoindrir les balises individuelles, individualiser les demandes pour affaiblir l'individu. 

    Toute l'affaire de ce qui se trame est là : donner à la personne tout ce qu'il désire de liberté pour le rendre vulnérable jusqu'à la moëlle, lui donner l'illusion d'un pouvoir sans limites, d'un désir sans cesse comblé pour mieux le livrer aux lois du marché.

    C'est une pure illusion d'optique que de croire incompatible ces deux lois promulguées par un même gouvernement. C'est ne pas vouloir comprendre que la liberté économique (le libéralisme première mouture) n'est pas contradictoire avec le liberté sociétale (le libéralisme deuxième mouture). Tout progrès vers la société réduite à ses fonctions de marché induit que l'individu s'atomise, se pulvérise à travers ses désirs et la croyance en ses seules possibilités. Just do it : voilà le sésame. Dès lors deux directions sont à creuser.

    La première tend à maximiser les potentiels minoritaires parce que ceux-ci offrent une opportunité de marché. Le fractionnement sociétal est la garantie d'une extension des offres, par la loi des demandes. En clair, il s'agit d'appliquer dans l'extrême de son potentiel le principe des niches et celui de la fragmentation des cibles. Le mariage gay repose, en partie, sur cette perspective. Il n'est pas étonnant que des articles soient tôt sortis dans la presse pour expliquer qu'un nouveau marché s'ouvrait.

    La seconde tend à diminuer autant que faire se peut les droits collectifs au profit des logiques individuelles. Selon un esprit fort anglo-saxon et libéral, only the fittest survived. Seuls les plus adaptés survécurent. La fin du CDI, dans un discours libéral, concurrentiel et guerrier, pourra toujours être présentée comme une chance pour les meilleurs de s'en sortir. Plus encore : de mieux s'en sortir puisque selon une loi distributive ils en tireront des avantages plus conséquents. Le problème est évidemment que, sur ces profits putatifs, nul ne discourt. C'est une éventualité. Mais chacun sait que les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent.

    Ainsi donc, les deux lois menées de conserve par le social-libéralisme français ne sont pas des aberrations mais répondent à la même ambition de libérer le marché des carcans administratifs et sociétaux. Il est interdit d'interdire : le mot d'ordre des illuminés sorbonnards de 68 trouve sa plénitude dans l'avènement d'un désordre politique par quoi l'individu est livré à lui-même. 

    Le mariage pour tous et la précarité pour tous ne sont que les deux versants d'une même médaille obscure qui prépare un avenir radieux. Dans les deux cas, ce ne sont pas les nantis des beaux quartiers qui ont à craindre. Ni le gay du Marais, ni la fille Dubreuil-Moncoucou : ils ont les réseaux et les sécurités cachées d'une société menteuse. Pour Mouloud, qui ne peut révéler son homosexualité à La Courneuve, et Jeanne qui enchaîne les petits boulots après l'obtention du bac, l'effroi devant les années à venir reste le même. Mais on s'en moque : ils n'avaient qu'à vivre ailleurs, naître ailleurs et faire ce qu'il fallait...


    Photo : David F.

  • En suspension

    jours fériés, silence, travail

     

    On écartait un peu plus les persiennes, déjà entrouvertes. Le fil du jour devenait un bandeau par lequel on voyait la place amnistiée de sa turbulence quotidienne. Il était presque neuf heures du matin. Les parents dormaient encore. Grasse matinée des jours fériés, quand rien n'était ouvert et qu'il fallait attendre le passant familial bravant l'heure de la sieste pour une promenade digestive. Les courants d'air n'embarquaient personne dans le centre ville. Les stores métalliques étaient tirés. Les boutiques avaient encore des allures de vieilles merceries et de jolis capharnaüms. Le ronflement d'une Simca 1000, lointaine, passant au rond-point, faisait penser à un avion.

    Il y avait un air de religion : c'était pourtant le premier mai. Les seaux de muguet s'étaient vidés avant midi. Chacun avait offert son brin. Tout était semblable au balancier de l'horloge : égal, lent, serein. Le grand frère lisait Stendhal ; la petite sœur dessinait et toi, tu classais les fiches cartonnées de tes animaux sauvages en rêvant de Tarzan, du cri de Johnny Weismuller et du visage angélique de Maureen O'Sullivan.




    Photo : Robert Doisneau

  • Une question de valeur.

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    Si les entreprises de communication font abstraction de la morale (y compris celles tendant à vouloir nous culpabiliser : de la mission humanitaire à l'esthétisation de la misère, en clair : le spectre ONG-restos du cœur...), il n'est pas interdit de sourire devant les incohérences et les duperies. Foin de toute indignation (nous laisserons cela à la géronto-philosophie de Stéphane Hessel), jouons le jeu.

    La dernière campagne de la FDJ, qui s'affiche aujourd'hui sur les panneaux publicitaires et autres Abribus, est assez réussie si l'on veut bien considérer la trouvaille linguistique qui est au cœur du message. La configuration du panneau aéroportuaire renvoie à la question de la destination : le voyage est suggéré et c'est là un poncif de la com' faite depuis longtemps par cette entreprise. Et l'on comprend que, dans le fond, si l'on veut bien laisser de côté les hasards de la vie qui n'en sont pas (cela s'appelle la détermination sociale et politique), l'existence, ce sont des lettres bien ou mal disposées. Une quasi roulette russe.

    Pour le coup, on doit reconnaître que le message est clair sur le plan des oppositions. À la relation contradictoire pauvreté (ou modestie)/richesse  s'en ajoute une seconde plus gênante, travail/oisiveté, quand il s'agit de défendre l'oisiveté. De là l'équation subliminale (enfin, n'exagérons pas...) : travail = pauvreté. Équation par laquelle on déduira :

    1-Que le travail est un piège et une illusion. Qu'il n'est pas question de vivre bien (ou mieux) si l'on s'en tient à cette seule référence.

    2-Que le gain substantiel (et hasardeux, de surcroît) ne peut avoir qu'une seule destination (soyons rieurs...) : ne rien faire. 

    En clair, il n'y a pas mieux que cette publicité commandée par un organisme d'État pour nous expliquer que le fric, arrivé à un certain degré d'accumulation,  c'est pour ne rien faire (soi) et faire bosser les autres. On ne peut pas être plus clair sur le discours libéral des nouveaux parvenus.

    Qu'un gouvernement de gauche (décidément, nous rions beaucoup...) laisse passer une communication de ce type est savoureux. Cela signifie que tout le discours sur la grandeur et la noblesse du travail, et la célébration (certes mesurée) des modestes, est une fumisterie

  • La frayeur des chiffres

    C'est, si l'on voulait la jouer cynique, le chiffre du jour (ou de la semaine...). L'Organisation Internationale du Travail annonce donc le lundi 30 avril qu'il y a 202 millions de chômeurs à travers le monde et que les chiffres à venir ne sont guère encourageants. À ce petit jeu-là, ces bons messieurs de l'OIT nous avertissent que des tensions sociales sont à craindre. Il est à prévoir qu'on ne va pas beaucoup rire dans un avenir proche... Il est vrai, cependant, que ces quarante dernières années n'incitaient pas non plus à un optimisme débordant. C'est bien connu : le pire est devant nous.

    202 millions sur 7 milliards de terriens, le chiffre peut sembler modeste. Il faut néanmoins retirer les enfants, les vieux, les inactifs et l'on arrive, paraît-il, au pourcentage plus significatif de 6,1% de la population active. Pas encore le taux espagnol mais le vers est, semble-t-il, dans le fruit. L'important est ainsi de retrouver de la croissance, pour faire redémarrer l'économie.

    Ces chômeurs sont un fardeau et un manque à gagner pour une machine en recherche de rentabilité maximale. Ils sont le signe que là où il y a de la richesse, le marché se rétracte et que les investissements pourrraient être moins profitables que prévu. Tous les journaux titraient sur ce chiffre, comme s'il signifiait que, soudain, par l'inflexion qu'il supposait, la belle histoire d'un monde de croissance prenait quelques rides. Les temps sont durs, nous dit l'OTI. Tirons la sonnette d'alarme. Les sans-emplois sont trop nombreux et c'est là le signe d'une société globale en difficulté.

    Il ne s'agit nullement de minimiser la situation des personnes sans travail. Ils ne sont pas en cause. En revanche, cet alarmisme économique étonne, comme si ces 202 millions étaient le seul indicateur d'un monde allant à vau l'eau. Parce qu'il me semble qu'il biaise singulièrement la réalité. La misère planétaire va bien au-delà de ce nombre certes considérable. S'il n'y avait qu'eux dont il fallait se préoccuper, passe encore. L'économie pourrait sans doute s'en charger aisément si tout le reste allait bien mais sont-ils les seuls à souffrir ?

    Je me souviens d'un dessin de Plantu où un ouvrier (casquette et sacoche) parlant à une aristocrate faisant la charité lui disait en substance : moi aussi au prix où je suis payé c'est du bénévolat sauf que c'est mon boulot. N'est-ce pas ce qui gêne dans l'inquiétude des commentateurs de ce chiffre terrible ? 202 millions. Peut-on se contenter de cette évaluation pour tirer la sonnette d'alarme ? Et de nous demander si toutes les personnes qui vivent avec un revenu de 2 ou 3 dollars par jour tous les exploités des sweatshops de Nike ou d'autres firmes multinationales, tous les miséreux dont l'emploi ne leur permet pas autre chose que de dormir sous les ponts ou dans les halls, y compris dans la cinquième économie du monde (c'est nous...), tout l'univers mondialisé du petit boulot payé à coup de lance-pierres, oui, de se demander si tous ces gens sont comptabilisés dans ces fameux 202 millions. Il est évident que non, puisque ceux qui vivent avec 2 dollars sont, selon les différentes sources, à peu près 2,5 milliards...

    Le problème est là. Cette évaluation (et les frayeurs qui s'en suivent) correspond à un certain type de développement, à une perspective d'économie libérale ne se souciant que de la frontière travail/non travail, actifs/sans emploi, sans préoccupation des conditions d'existence propres à chacun. Avertir que plus de chômeurs, c'est un risque de troubles sociaux, ce n'est pas envisager la situation du côté des malheureux, prendre la mesure humaine du désarroi, mais c'est évaluer les ennuis, les retards, les incidences fâcheuses sur le système entier. Le pauvre à 2 dollars le jour présente au moins l'avantage, surtout dans certaines régions du monde, d'être neutralisé. Le chômeur du pays riche, du pays émergent, ou du pays en voie de développement présente un risque bien plus grand.

    Ce chiffre inquiète surtout les possédants qui voient potentiellement leurs parts de marché et leur confort écornés, parce que les chômeurs ne sont plus des consommateurs en puissance. Pour ceux dont la misère est le quotidien, sans plus de perspective et de droit à la dignité, et ils sont bien plus que 202 millions, cela ne change rien, parce qu'aux beaux temps des trente Glorieuses, de la croissance miraculeuse, de la bagnole, du grille-pain et de la télévision couleur, la vie était déjà un combat désespéré.

  • Bomber (le torse)

     

    Ce sera ainsi, toujours ainsi, désormais. On te l'aura dit et répété : qu'il n'y a pas de sort qui te soit réservé, qu'il en va de ton destin, et ton destin, c'est toi. Tu auras eu le choix d'en être, ou pas. Ce sera à la convenance de ton désir. Désir de souffrir (pour y parvenir), de t'amender (pour qu'on te reprenne quand tu auras déplu ou désobéi), d'exulter (quand tu seras parvenu à ce qu'on t'avait promis, et dont tu ne savais en quoi cette promesse consistait -sa consistance, justement-). Et quand tu auras des doutes, parce que les nœuds de tes boyaux seront bien plus incendiaires que celui de ta cravate, t'empêchant de respirer autre chose que la fureur du chronomètre, il y aura toujours quelqu'un pour te dire, à la sortie du bureau, dans le dédale des couloirs métro(nomiques), habité du désir d'enfin revenir chez toi : regarde comme c'est magnifique, ce graffiti. Ici, on peut écrire ce qu'on veut. La preuve qu'on est libres...

                                                                                            Photo : Micha Bar Am, San Francisco, 1976