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manipulation - Page 2

  • Écouter, répéter, manipuler

    Lorsque vous vous éloignez un peu de la France, sans en prendre la moindre nouvelle, sans ouvrir vos mails, ni lire aucune feuille de chou qui prétend à la grandeur journalistique, et que vous revenez, il est stupéfiant de voir combien la mare s'est agitée : les magouilles des uns, les écoutes des autres, des ententes des troisièmes. Rien de bien neuf, rien de très terrible non plus. Si l'on excepte les naïfs qui voudraient voir la politique comme un territoire honnête et désintéressé (1), il faut reconnaître que le débat sur les manipulations des uns et des autres tourne vite à la querelle des exemples choisis. Ce n'est pas de l'argumentaire mais de la casuistique de jésuites.

    Prenez l'affaire Buisson. On s'offusque des habitudes dictaphoniques de l'homme de confiance sarkozyen. On crie ici à la trahison : les UMP grotesques, là à l'affaire d'état : les socialo-moralistes. Je ne vois pourtant dans cette pratique ni trahison, parce que cela supposerait qu'il y ait eu exploitation de la matière (or, on a visiblement volé celle-ci au dit Buisson), ni affaire d'état, parce que cela supposerait que nous ayons, nous petit peuple, à connaître des histoires lourdes de conséquences, et je n'en crois rien, sinon l'affaire aurait déjà explosé.

    Buisson est peut-être un traître et c'est beau alors d'entendre la Sarkozye s'indigner. Buisson est peut-être quelqu'un qui en sait plus qu'on ne le croit et c'est alors curieux de voir les affidés gouvernementaux s'indigner.

    Mais quoi qu'il en soit, nous sommes loin, je trouve, avec ces discussions de fond de tiroir des pratiques ouvertement crapuleuses d'un Mitterrand qui, pour s'assurer sa réélection, faisait état en direct de ses discussions avec son premier ministre d'alors (2). Quand on a toléré de telles pratiques florentines (tous les moyens sont bons), on ne va pas s'acharner sur un vulgaire conseiller (3).




     

    (1)Ceux-là feraient bien de relire Balzac et Chateaubriand, à tout le moins. Quant à lire La Rochefoucauld, Saint-Simon et le cardinal de Retz, ce serait trop leur demander. Ils apprendraient néanmoins des mémoires classiques ce qu'il y a d'essentiellement retors dans la politique.

    (2)Pour épargner au lecteur la totalité d'un ennuyeux débat, il pourra glisser le curseur sur la douzième minute. Il s'agit de l'affaire Gordji. Pour la petite histoire, on sait que des deux, c'est Mitterrand qui ment.

    (3)Nul ne s'est jamais indigné des Verbatim de l'inutile Attali

     

  • De la terreur par la rhétorique (III)


    Les mots ne sont pas les choses. Rien d'original. Ce constat ne vident pas les mots de leur valeur. C'est peut-être même le contraire. Puisque le sens n'est pas en-soi, il est un cheminement, un investissement (au sens d'un objet qui se remplit). Et comme il y a de l'idéologie qui peut s'investir (cette fois, au sens d'une rentabilité espérée) dans ce gouffre, alors on ne s'étonnera pas qu'il existe tout un travail dans le domaine de la (dé)nomination (1). Ce qui est visé représente le même espace, mais la désignation change, à dessein. Un exemple.

    En 1992, ceux qui, comme moi, ont voté contre Maastricht, étaient, disait-on, des euro-sceptiques, teintés d'un esprit nationaliste un peu rigide. On s'en tenait là. Le temps passa et ces mêmes personnes devinrent des anti-européens. On voit déjà l'évolution. Si la première dénomination ne pouvait assurément prendre son sens qu'au regard d'un projet politique : le scepticisme étant alors le signe d'une interrogation, la deuxième portait, elle, une ambiguïté. Laquelle ? Celle d'identifier le projet politique européen à une représentation intrinsèque de l'espace géographique, culturel du continent lui-même. On sent bien que la logique de l'anti-, comme définition, ne porte plus seulement sur la discussion autour d'un contenu en train de s'élaborer mais sur le désir proprement négatif de l'opposant. En devenant anti-européen, celui qui refusait les transformations libérales de la future UE portait en lui les miasmes d'un esprit de dissensions détestables. Il ne répondait pas aux attentes des politiques prenant prétexte d'une nécessaire paix entre les nations après les horreurs de 39-45 (2). Les partisans du projet européen confisquait l'Histoire comme devenir et l'esprit critique devenait une âme étroite, engoncée dans son opposition systématique.

    C'est d'ailleurs sur ce registre que les battus de 2005 hurlèrent comme des loups. Anti-européens, et donc petits penseurs, porteurs de tous les maux que peuvent recenser les grandeurs mondialisées. L'édito de Serge July, dans Libération,  le lendemain du réferendum perdu, reste un modèle du genre.

    Mais, justement, le travail de sape n'avait pas suffi. L'entreprise de culpabilisation avait échoué. Le travail sur le langage n'avait sans doute pas été assez poussé. Et cela est très certain. 

    Ainsi, la semaine dernière, dans Le Monde, un porte-folio magnifique, consacré aux leaders des droites europhobes. Tout est dans l'adjectif. Europhobes. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, il est très secondaire que ce porte-folio soit consacré aux leaders dits d'extrême-droite. Ce qui prime, c'est l'adjectif. Europhobes. Comme il y a des xénophobes, des islamophobes, des homophobes (3). La phobie est la grande affaire de l'époque contemporaine, du moins si l'on en croit l'usage qu'en font la bonne conscience de gauche et ses sicaires journaleux. On comprend ici très vite le stratagème. L'homme qui refuse le modèle européen n'est plus un esprit critique (depuis longtemps), il n'est même plus un esprit étroit, il est un danger. Il participe du délitement de la pensée fraternelle, d'un we are the world crétin au seul profit de la Banque et des affairistes. Peu importe. Sachez que lorsque vous contestez l'Europe de Bruxelles et de Strasbourg, quand vous critiquez l'espace Schengen, quand vous attaquez Barroso et son Barnum, vous êtes un europhobe.

    Cette pratique a un nom : l'amalgame. L'Europe devient une question taboue, un ordre supérieur sur lequel vous ne pouviez rien dire, parce que la moindre réticence fait de vous un potentiel fasciste. -phobe, ou le suffixe de la terreur morale qui s'immisce jusque dans les moindres recoins. Vingt ans d'essoreuse libérale auront servi à défaire le système social européen, à déliter l'esprit national, à libéraliser les esprits. Cela ne pouvait suffire : il fallait encore que les esprits insoumis finissent dans l'opprobre, désignés par ce qu'ils ne sont pas. L'europhobe ou le salaud. Quelque chose d'approchant. 


    (1)Eric Hazan a écrit un bref ouvrage, très intéressant, sur ce phénomène : LQR, la propagande du quotidien, Liber-Raisons d'Agir, 2006

    (2)Ce qui, au passage, montre à quel point la dialectique de l'Europe libérale construite par les politiques de ces trente dernières années instrumentalisait la guerre, la violence nazie et les camps. Ces amoureux de la paix auront tiré un profit maximum de Sobibor, Ravensbruck ou MaIdanek, des bombardements de Dresde et des dérives nationalistes dont leurs prédécesseurs politiques furent pourtant, le plus souvent, les activistes zélés...

    (3)Lesquels sont définis sous le régime de la terreur. Pour faire court : être contre le mariage gay, c'est être homophobe ; vouloir en finir avec les prières de rue, c'est être islamophobe ; refuser une immigration débridée que paient d'abord les plus modestes de la nation, c'est être xénophobe.

  • De la terreur par la rhétorique (II)

    L'art de la terreur en matière de rhétorique peut prendre deux formes en apparence un peu contradictoires mais dont l'usage combiné biaise (ou devrait biaiser) l'appréhension de l'événement par celui qui en prend connaissance. Ce n'est pas à proprement parler de la désinformation mais du formatage, de l'orientation idéologique.

    Prenons l'affaire de la semaine : le tireur parisien (1). L'individu fait irruption chez BFM pour proférer des menaces. Quelques jours plus tard, il entre dans le hall de Libération. Il tire. Un blessé grave. C'est à ce moment que l'histoire s'emballe (et qu'on emballe, comme un produit, l'histoire : tout est affaire de packaging). Les politiques condamnent fermement l'attentat. Devant trois douilles et une flaque de sang, Manuel Valls parle aussitôt de scène de guerre. Libération choisit la grandiloquence pour sa une.

     

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    Il y a en effet grandiloquence, quand on confronte la réalité à sa représentation (théâtralisée). Deux tirs de fusil ne font pas une scène de guerre. Deux tirs de fusil ne sont pas une bombe ou un cocktail molotov. Libération n'est pas Charlie Hebdo. Le superfétatoire Demorand, qui dirige le journal, en rêve pourtant, et avec lui toute son équipe. C'est le sens du "Nous continuerons", qui se veut une sorte de No pasaran démocratique du pauvre. Derrière la formule, il y a le péril fasciste, la peste brune, Marion Le Pen etc, etc, etc. Demorand se voit en Jeanne d'Arc combattant la purulence identitaire (encore que Jeanne d'Arc, non : ça sent le cureton à plein nez et Libération déteste tellement le catholicisme...). La tentation est tellement grande : les premiers éléments sur le tireur sont très bons. Type européen, 30-40 ans. On a compris.

    On a compris que c'est une revanche masquée de l'affaire Merah dont il est question. Souvenons-nous : l'affaire Merah et ses premières heures, quand la gauche ignorante et pourrie invoquait le climat nauséabond entretenu par le FN. L'affaire Merah et cette gauche tentant de récupérer comme d'autres (Bayrou...) le malheur des victimes dont elle aurait espéré faire un plus grand profit. La gauche lâche et charognarde... Elle espérait prendre sa revanche.

    Pas de chance. Le tireur n'est pas de type européen. Il s'appelle Abdelhakim Dekhar. Il vient de l'utra-gauche. Un vrai problème. Une deuxième tentative de récupération qui échoue en un peu plus d'un an. 

    On lira alors le papier de Libération de ce jour. Le lecteur pourra imaginer ce qu'eût été le défouloir si l'incriminé s'était appelé Leroy et qu'il eût possédé une carte dans je ne sais quel groupuscule fascisant. Là, on trouverait une volonté sous-jacente de minimiser, de relativiser, d'expliquer. Celui que le même journal voulait combattre a droit à un papier à moitié compassionnel. Il faut sauver les apparences.

    D'une certaine manière, Demorand et Marion Le Pen ont un point commun : l'arabe est une part de leur fonds de commerce. Un fonds de commerce tout aussi puant, pour des objectifs diamétralement opposés. Comme dans l'affaire Merah, le désir de jeter sur un camp précis la suspicion s'avère contre-productif, parce qu'en l'espèce, elle ne fait que conforter les crispations identitaires. Mais c'est là où nos deux personnages se rejoignent : l'une au nom d'un nationalisme mal dégrossi, l'autre au nom d'un muliticulturalisme teinté de culpabilité.



    (1)Même si la dite affaire fut étrangement mise en veille médiatique le temps que onze footeux offrent à la France (rien de moins) une leçon de courage et de volonté et au normal président les moyens d'un laïus pro domo très risible. Il fallait bien faire tourner la machine. Trop d'intérêts en jeu...

  • De la terreur par la rhétorique (I)

    Jean-Marc Ayrault ayant gonflé ses pectoraux pour signifier la République en danger et donner des ordres pour châtier les séditieux, Christiane Taubira ayant déterminé les bons et les mauvais Français, selon une logique qui fixe la Révolution française comme étoile unique de l'Histoire nationale, la logorrhée gouvernementale a continué cette semaine avec Peillon, qui, devant la catastrophe de sa réforme des rythmes scolaires et le refus de certains maires, s'est fendu d'un commentaire qui mérite qu'on le cite :

    « Il y a 36 000 maires en France, on a 50 maires qui s'essaient à une petite délinquance civique, j'espère qu'ils vont rapidement reprendre leurs esprits. »

    Tout est aujourd'hui prétexte à l'outrance dramatique, au délire lexical, à la mayonnaise hystérique. C'est l'insulte sous couvert d'une vertu personnelle outragée. La majorité au pouvoir se croit à ce point investi d'une mission que son vocabulaire et les moyens qu'elle met (ou veut mettre) en œuvre signent sa vanité. Ils se dressent ainsi selon un ordre symbolique qui impose une alternative fracassante : eux ou le chaos. Au-delà de l'excès et de la démesure, l'hybris des Grecs, cette posture masque la violence qu'ils cherchent à imposer à une population qui tente encore de réagir. Sous-fifres laborieux d'un libéralisme intégral nécessitant la perte de tous les repères de civilisation et l'inscription territorial et historique, enjoignant un multiculturalisme assassin et nomade comme mode idéal du marché, ils forcent le pas et tous leurs opposants sont immédiatement assimilés à des dangers qu'il faut éradiquer. Cinquante radars brûlés et c'est la mobilisation générale, une grossièreté sur internet et la France devient un pays honni, cinquante maires contestant une réforme absurde et ce sont des délinquants, des voyous. Contester Peillon ou trafiquer de la coke, une simple nuance d'objet...

    Le propre des régimes fascisants tient à ce que ceux-ci désincarnent le moindre opposant pour le métamorphoser en ennemi ; le propre des régimes fascisants est de fonder leur légitimité non sur le suffrage universel mais sur celle du tout ou rien, du eux ou nous, et du nous, évidemment, un nous hypertrophié et délirant. Voilà où nous en sommes. Et puisqu'il faut choisir, entre eux et le chaos, je choisis le chaos...

  • Surtout : fermer les yeux

    Notre œil fatigué, de voir l'effondrement français (et européen) s'accélérer, s'enflamme (au sens de l'inflammation, un quasi prurit) plus encore de l'étonnement politique qui voit les autorités gouvernementales crier à la mobilisation républicaine, au sursaut démocratique, à la bérézina pré-fasciste, aux loups, aux chacals, aux hyènes, aux barbares, pas encore casqués, bientôt enrégimentés, de les entendre crier tout et son contraire, quoique, dans le fond, la vérité soit bien celle-ci, qui les tourmente : comment anéantir ce qu'on a créé ? C'est l'angoisse, d'un XIXe fasciné de progrès, de la Bête échappant à son créateur, une sorte d'incarnation pseudo-démocratique du mythe cristallisé par Mary Shelley, Frankenstein.

    Ce qui menace effraie moins que la cécité des bavards ayant délaissé le monde pour l'ombre étirée du pouvoir. Plus le temps passe, moins ils nous sont d'un moindre secours. Leur naïveté est trop blessante, pour les plus honnêtes, laquelle naïveté cache mal l'infamie de leurs renoncements. Quant aux autres, les plus huppés, les mieux placés, les grasses vaches sacrées du pouvoir, ils ne sont pas naïfs. Simplement cyniques, arrogants et calculateurs. 

    Dans tous les cas, cela ne peut suffire. Ce qu'illustre, avec beaucoup de sévérité ces quelques lignes de Marc-Aurèle, tirées du livre VIII des Pensées pour moi-même.

    "Souviens-toi que, de la même manière qu'il est honteux d'être surpris qu'un figuier porte de figues, il l'est, de même, de s'étonner que le monde porte tels ou tels fruits qu'il est dans sa nature de produire. De même aussi, pour un médecin et un pilote, il est honteux d'être surpris qu'un malade ait la fièvre, ou que souffle un vent contraire."

  • scénique et cynique

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    Obama est fâché avec Poutine. Il boude. Ils devaient se voir mais tout compte fait ce sera niet. L'Américain visitera la belle démocratie suédoise à la place. Bien sûr, les contacts ne sont pas rompus. Les affaires continuent. Tout cela n'affecte pas en profondeur les impératifs politiques et les intérêts économiques. Juste une affaire de posture, un exercice théâtral. Encore une fois, les idiots magnifiques qui nous vendaient Obama comme une manière de faire de la politique devront déchanter (mais ils trouveront bien une dernière argutie pour nous expliquer que non, quelque chose a changé...).

    Barack a donc les nerfs contre Vladimir. Sand doute les dérives autocratiques du tsar qui ne dit pas son nom, ou celles, mafieuses, des oligarques qui s'en mettent plein les poches, ou les atteintes aux droits de l'homme, ou la presse muselées, ou la Tchétchénie, ou les lois homophobes. L'avantage avec la Russie est qu'il y a matière à s'indigner (ce qui ne peut que plaire aux adeptes de l'hesselisme bêlant...). Il faut à tout prix que Poutine reste en place : c'est une aubaine pour les bonnes âmes.

    La liste ci-dessus, pourtant, ne convient pas. L'ire obamesque est plus pointue, plus interne, plus américaine. Elle tient en un nom : Snowden, l'homme qui a révélé le scandale de la NSA, des écoutes yankees mondialisées, , lequel Snowden a réussi à fuir, a cherché des terres d'asile, mais en vain : l'Europe de l'Ouest (pour reprendre une terminologie caduque) ne voulait pas de lui, pour ne pas froisser le grand Frère US. C'est évidemment comique, mais pas surprenant, de voir la couardise européenne sur cette affaire, quand naguère on s'indignait (décidément...) des audaces d'un attaché culturel russe, chinois ou iranien... Les temps changent.

    Mais pas Obama, qui n'est qu'une version plus élégante, moins texane, de Georges W. Bush. Il a justifié les acte de la NSA, et avec son administration, au pire moment médiatique pour l'intégrité américaine, il nous a monté une alerte terroriste mondialisée et bidon, qui a fait frémir tous les lobotomisés de la terre. On attend encore, sinon les bombes, du moins les opérations de déminage. 

    Tout cela pour Snowden, dont la célébrité médiatique lui permettra de survivre à quelque accieent vasculaire, ou à une intoxication alimentaire, ou à une rupture des freins sur un véhicule ayant 3251 km.

    Qu'est-ce que Snowden ? Je ne dis pas : qui est Snowden ? Sa personne en tant que telle n'a pas d'importance. En revanche, il est intéressant de définir son statut. Pour les gens de ma génération, nourris aux écrits de Soljnitsyne, des combats de Sakharov ou Plioutch, se souvenant de toute la rhétorique occidentale qui soutenait ces hommes en lutte contre le délire soviétique, la transposition est aisée et imparable. Snowden est un exilé, mieux : un réfugié politique. Ce qu'il dévoile des opérations de surveillance américaines équivaut à ce que les dissidents de l'Est racontaient des régimes policiers et des méthodes de contrôle de la population. Encore ces pratiques se limitaient-elles à l'espace national quand les agissements de la NSA sont mondiaux et ne distinguent pas alliés et ennemis.

    Il n'y a ici aucun jugement moral sur ces pratiques. La politique est sale, par essence. Elle est faite, en grande partie, d'arcanes, de manipulations, de dissimulations, de faux-semblants. Obama en joue comme les autres, sinon il ne serait pas à la place qui est la sienne. Le reste est littérature. il sera néanmoins curieux pour certains de devoir admettre que les États-Unis ont, eux aussi, leur dissident, et comme aux meilleurs temps de l'URSS, ils n'ont pas la moindre indulgence pour ceux qui parlent. Manning vient de prendre 35 ans pour avoir alimenté Wikileaks. Snowden est dans l'expectative.

    On regrettera sans doute qu'il trouve chez Poutine un soutien. Cette collusion servira à le discréditer, à ne faire de lui qu'un traître, un opportuniste, un quidam en quête de notoriété. Quand on finit Vladimir, c'est qu'il y a anguille sous roche. Rien de politique dans tout cela. De toute manière, rien de ce que font les États-Unis n'est politique. Ce sont simplement des actes préventifs, une inflexion naturelle vers le Bien, un souci de paix perpétuelle (l'Américain est kantien, c'est bien connu...).

    Jusqu'alors, ce pays avait contenu son opposition ; la critique (à la Chomsky) était marginalisée parce qu'elle s'en tenait au plan analytique. Du bavardage, en somme. Snowden se place sur un autre plan :  il ne commente pas, il ne théorise pas, il donne des faits. Voilà bien pourquoi il est dangereux, et qu'il est, plus que quiconque, un homme politique.

     

     

     

    Photo : Reuters/Kacper Pempel

  • Gouvernance (substantif)

    On a beaucoup ri de lui. On s'est gaussé de son air provincial, de sa mine bonhomme d'épicier qui aurait réussi, de sa silhouette voûtée à vous flinguer n'importe quel costume, et des formules sybillines. Il est néanmoins certain que Jean-Pierre Raffarin a été le premier ministre le plus important de ces trente dernières années. Écrivant cela, je me place sur le plan de l'inflexion du politique vers cette nouvelle forme désengagée et privée qu'aura pris désormais l'art de diriger : la gouvernance. il a d'ailleurs publié un ouvrage sur la question, en 2002, Pour une nouvelle gouvernance (1).

    La gouvernance est le mot-clé de la catastrophe contemporaine. Pour en avoir une vision claire et cinglante, il est indispensable de lire le travail d'Alain Deneault, Gouvernance. Le management totalitaire, Lux éditeur, 2013. 

     

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    50 chapitres courts sous forme de prémisses dont je publie ici la 10ème.

     

    PRIVATISER EN PRIVANT

    On feint de penser sous le vocable de la gouvernance des modalités par lesquelles un vivre-ensemble serait possible... précisément sur un mode qui contredit cette possibilité. La gouvernance désigne ce qu'il reste d'envie de partage dans le contexte de la privatisation économique. Le collectif à l'état de fantasme. Un mirage. Car la privatisation du bien public ne procède en rien d'autre que de la privation. En même temps que le libéralisme économique promeut brutalement cet art de la privation dans les milieux de ceux à qui cela profite, la gouvernance sert à en amortir le choc, pour les esprits seulement, car on n'excèdera pas à ce chapitre le seul travail de rhétorique. Privare, en latin, signifie le fait de mettre à part -c'est le contraire du partage. Privatiser un bien consiste pour les uns à en priver les autres du moment qu'ils ne paient pas un droit de passage afin d'y accéder. Le privatus désigne par conséquent celui qui est privé de quelque chose -privatus lumine, l'aveugle privé de la vue dont parlait Ovide. Même quand les coûts relatifs au bien sont amortis depuis longtemps, comme dans le cas d'un immeuble, des locataires n'en finissent plus de le financer à vide plutôt que s'en tenir aux coûts réels, ceux de son entretien. Quand il ne s'agit  pas de surpayer au profit d'exploitants des biens fabriqués et distribués par des subalternes scandaleusement sous-payés. Le profit des multinationales, vu ainsi, procède d'une sorte d'impôt privé étarnger à tout intérêt public. Il s'agit, autrement dit, de logiques mafieuses légalisées. C'est d'ailleurs du même privare latin que provient l'expression "privilège". Il s'agit littéralement d'une loi  (lex) privée (privus) : le privilège correspond à l'acte de priver (exclure) autrui d'un bien ou d'une faveur en vertu d'une règle générale (loi). En d'autres termes, il est, en droit, une disposition juridique qui fonde un statut particulier -tel que celui de la noblesse dans l'Ancien Régime. D'où les expressions chèries par ceux qui en tirent un grand bénéfice : "respecter la loi", "agir dans le cadre strict de la loi", etc.

     

    (1)Raffarin est diplômé de l'ESCP (École supérieure de commerce de Paris) , dans la même promotion que MIchel Barnier, grand européen devant l'éternel, et qu'il exerça dans le privé, notamment comme directeur général de Bernard Krief Communications, cela est éclairant.

  • Antifasciste, évidemment

     

    L'affaire Méric aura donné lieu à une belle débauche de propagande quasi soviétique. Nous aurons assisté ces derniers jours à un exemple de terreur médiatique et de manipulation, à vous rappeler dans la minute les pages décapantes de Serge Halimi quand il écrivait sur les Nouveaux Chiens de garde (1).

    Les faits sont ce qu'ils sont et la peine des parents de la victime ne me concerne pas plus que celle de tout parent qui perd un enfant : cela arrive tous les jours et dans des circonstances dont la violence est comparable à ce qui est advenu la semaine dernière. Nous sommes dans l'ordre du privé et la common decency implique que l'on reste à sa place. Le problème n'est pas de s'apitoyer, de tourner l'histoire d'une rixe entre extrémistes en préfiguration d'une montée du fascisme et fissa, à l'image de l'inutile Vallaud-Belkhacem, de demander aux media de ne pas se faire les relais des idées néo-nazis et d'extrême-droite. Ridicule porte-parole d'un gouvernement non moins ridicule et nuisible, faut-il rappeler à sa culture politique que ce fut Mitterrand qui obligea à ce qu'on ouvrît l'espace médiatique à Le Pen, dans les années 80, pour amoindrir la droite ? Faut-il lui rappeler que ce furent ses vieux copains socialistes qui, pour sauver des sièges, introduisirent de la proportionnelle en 1986 et offrirent à Le Pen and co 35 députés ? Est-il  possible d'énumérer les média complices des idées brunes ? Voudrait-elle brider l'espace d'expression, voyant dans Le Figaro, Valeurs actuelles et La Croix les vers pourrissant la démocratie ? Bergé vient bien d'accuser Frigide Barjot d'avoir du sang sur les mains. Tout est possible en cette France nourrie de bêtise. Mais l'amalgame est un jeu connu des aspirants autoritaires...

    Quelle terreur, donc ?

    Un simple glissement sémantique, en fait. Clément Méric fut d'abord médiatiquement un militant d'extrême-gauche. Mais cela n'était guère porteur, eu égard à la manière dont la classe politique institutionnalisée, à commencer par le parti de la rose, traite habituellement cette engeance agitée. Était-il possible de se mettre du côté d'un trotskyste ou apparenté ? Problème sans doute. On ne pouvait pas, sans être en porte-à-faux et dépasser le compassionnel, tenir la ligne politique qui, paraît-il, plaçait la victime du côté des extrêmes, car il faudrait alors envisager un jour de devoir tenir la même posture pour la mort, dans un combat de rue, d'un facho patenté. Il fallait le ressort de la langue de bois et des fausses moustaches pour convertir le débit en crédit. La requalification de la langue est un des modes les plus classiques de la terreur, parce qu'elle s'impose par le haut : elle est un signe non seulement du pouvoir en soi mais aussi l'affirmation de son droit illimité à redéfinir le réel à sa convenance. Cela n'a rien à voir avec la polysémie ou la métaphore. Ce à quoi on assiste alors est un transfert symbolique mettant entre parenthèses (ou annulant même parfois) le partage commun du sens. Telle a été, en moins d'une journée, la transmutation de l'élément politique.

    Ainsi parut-il que c'était un militant non plus d'extrême-gauche mais antifasciste qui avait trouvé la mort. L'antifascisme est pratique : il ouvre la clé des bonnes âmes et impose le respect, c'est-à-dire le silence. Il a de plus l'avantage d'être soluble dans la doctrine libérale (fût-elle maquillée en bavardages de gauche). Il est le blanc-seing par quoi certains s'achètent ou se rachètent une virginité. Mieux encore : c'est une étiquette fédératrice, devant laquelle vous n'avez plus qu'à vous taire. Vous êtes, vous devez être anti-fasciste, pro mariage gay, aimé le progrès, être de gauche, mondialiste (2). Au fond, l'identité démocrate française, aujourd'hui, c'est un peu comme le formulaire que vous remplissez quand vous allez aux États-Unis : le choix est réduit et contraint. Antifasciste, donc, la victime, ce qui supposerait en bonne logique (je veux dire, quand on applique un principe d'équivalence des termes) qu'extrême-gauche et antifasciste soient synonymes. Pourquoi pas ? C'est en tout cas un brevet de bonne conduite absolument imparable. Les staliniens du PC en usèrent pendant des décennies pour couvrir les horreurs du Goulag, la Révolution culturelle chinoise et le soutien aux Khmers rouges. Ce genre de révisionnisme historique est pour le moins répugnant et suppose que l'on fasse des confusions malhonnêtes dans les époques. Mais de telles pratiques sont le fondement même de ce qu'on appelle la propagande, eût-elle les apparences des pensées les plus nobles. L'antifascisme, comme position politique, mérite mieux qu'un traitement postiche, qu'un accommodement de circonstances. Or, les socialistes et les journalistes soumis à leurs intérêts ont œuvré en ce sens, un peu comme ils l'avaient fait un an plus tôt dans l'affaire Mérah. Il faut croire qu'ils n'ont pas eu honte de leurs raccourcis d'alors et qu'on leur a vite pardonné ces pratiques nauséabondes.

    J'ai connu dans ma jeunesse des autonomes et des anarchistes qui avaient eux aussi des gros bras qui aimaient la baston et j'aurais craint certains soirs de les croiser. Ce sont d'ailleurs eux avec qui la police des gouvernants socialistes ont parfois eu mailles à partir. Mais ce n'est évidemment pas le sujet. Ce n'est jamais le sujet.

    Dès lors, comment ne pas rester amèrement dubitatif devant cette énième tentative de récupération, devant cet énième travail de moralisation confondante de la part de ceux qui pensent avoir pour eux, ad vitam aeternam, les valeurs universelles (3) Il est ridicule et sommaire de penser que de telles arguties médiatiques puissent encore longtemps faire illusion. Ces procédés sont propres à creuser plus encore le fossé entre les politiques et la population. Éluder la réalité en recourant à des recettes aussi éculées consterne.

    Une mienne connaissance me faisait justement remarquer que le mis en examen est fils d'émigré espagnol, d'origine modeste, quand la victime est fils de professeurs de droit. Il y a là comme une inversion symbolique. Le garçon issu du peuple, qu'on aurait attendu à l'extrême-gauche, est à l'extrême-droite, quand le fils de bourgeois s'entiche des rêveries trotsko je ne sais quoi. Les sociologues à la petite semaine, qui ne voient pas grand chose du monde mais qui aiment discourir sur les plateaux télé, devraient prendre en considération ce bouleversant paramètre. Ce serait, me semble-t-il, plus intéressant, plus porteur, pour analyser la décomposition sociale d'un pays livré aux vents frais du libéralisme intégral, que de pavoiser à la couleur des étendards de quelques anars et autres ultra-gauchistes de salon comme on en trouve à Sciences-Po (avant que de rentrer dans le rang des pantouflages rémunérateurs). Il ne s'agit nullement de défendre qui que ce soit, de trouver des excuses à qui que ce soit mais il est intolérable que l'argument social et politique soit la propriété des mêmes. On aurait par exemple aimé entendre les instances de l'État s'exprimer sur le passage à tabac d'un prêtre le 13 mai dernier. Pas une ligne dans Le Monde, dans Libération. 

    Antifascisme, donc, puisqu'il faut croire que nous sommes à l'orée d'une éruption brune. Encore faudrait-il le prouver ? Encore faudrait-il alors prendre les mesures en accord avec les paroles. Car toute cette mise en scène manque de profondeur. Si les groupuscules d'extrême-droite sont dangereux, qu'on les interdise, qu'on les combatte aussi virilement que sont capables de le faire les forces de l'ordre pour évacuer une usine occupée par des salariés. Si le Front National est un danger pour la démocratie, qu'on l'interdise. Purement et simplement. Si l'on est vraiment antifasciste, on ne peut pas prétendre comme on l'entend jusque dans les rangs de la droite (Fillon en tête) qu'il n'est pas dans l'arc républicain.

    Pour le reste, l'antifascisme est une pirouette dont se targue à tout moment la gauche, oubliant qu'elle fut historiquement un pourvoyeur non négligeable des troupes fascistes dans les années 30-40.

    Dernière chose : l'indulgence pour l'extrême-gauche et son masque antifasciste ne doit pas nous faire oublier que l'antisémitisme de ce milieu, au nom d'une lutte contre la capitalisme et le soutien aux mouvements post-coloniaux passant par la haine d'Israël, les rend fort perméables à certains discours islamistes. Il suffit de les voir s'accointer sur les campus. Mais de cela nul n'est jamais censé parler.

     

     

    (1)Serge Halimi, Les Nouveaux Chiens de garde, Raison d'agir, 1997 (édition revue en 2005)

    (2)Pas altermondialiste, mon-dia-liste !

    (3)Ce qui ne manque pas de sel tant, par ailleurs, il conteste l'universalité au nom de la diversité...

     

  • Transparence (substantif)

     

    transparence,politique,société de contrôle,manipulation,consommation



    La transparence, ça nous regarde. Voilà bien la formule qu'on nous adresse du haut des assemblées, des couloirs dorés, des arcanes du politique. La transparence est notre droit, notre inscription égalitaire dans l'univers démocratique. Elle est la synthèse de nos pouvoirs dus par le monde qui parle pour nous. Le donnant-donnant. Homme normal ou arriviste vulgaire, ils viennent, comme des destins nus et purs le dire au citoyen : la transparence, ça vous regarde. C'est votre bien, votre blanc-seing nécessaire à notre crédibilité. Ils viennent avec comptes et bilans, dans leurs costumes inquiets d'hommes intègres, forcément intégres (et ce n'est pas tant leurs écarts qui troublent, nous ne croyons pas à la vertu du politique, moins encore à sa pleine lumière, mais leurs impossibles reconnaissances de pris-dans-le-sac.)

    La transparence. Rien dans les mains, rien dans les poches.

    La transparence, listée, légiférée, mise en scène, pour pas grand chose, en fait, car les mots doivent être remplis, être une matière et une épaisseur du monde, san quoi je peux aisément découvrir l'horreur réversible qui se cache, là et ailleurs.

    Comme cette transparence qui nous regarde, à laquelle nous nous exposons, qu'on le veuille ou non, sur les réseaux, dasn l'organigramme insondable des connections, du numérique, de la vidéo-surveillance, de la structure eye fish de l'espace, de l'historique des appels, des indices de satisfaction, des numéros de transactions, des cryptages, des cookies, des bases de données, comme cette transparence de nous-mêmes à la machinerie marchande et sécuritaire, sécuritaire parce que marchande,

    transparence sécurisée en zones, délivrant les plus nantis de l'angoisse, accroissant la terreur, ailleurs, entre miséreux.

    Transparence qui nous regarde : terrible, reptilienne et fluide. La seule, l'essentielle, toujours plus galopante et que l'on masque et protège en offrant, sans même y croire tout en dramatisant l'annonce, cette autre transparence qui ne dit absolument rien du politique.


    Photo : Elliot Erwitt

  • Téléscopage


    Cette publicité, ce qu'on appelait réclame alors, terme que l'on entend encore dans la bouche de certaines vieilles personnes, est l'un des cinq spots auxquels eurent droit les Français, à la télévision nationale, le 1er octobre 1968. La célébration du Boursin constituait même la première séquence de l'ensemble. Jacques Duby, que l'on retient surtout pour être un remarquable et agaçant Camille dans Thérèse Raquin,  caricature un insomniaque. Ce n'est pas du grand art :  air idiot du comédien, dialogue fondé sur la redondance maximale, final aux grandes orgues ; mais, dans le fond, pas plus indigne que les pubs contemporaines. Après le Boursin, qui servait d'entrer, on pouvait boire léger avec Régilait, vérifier la maille avec Tricotel, réfléchir à l'industrie avec Schneider, se délecter des plaisirs du beurre avec Virlux. C'était tout un programme.

    On ne peut que s'amuser du moment où est apparue la publicité à la télévision. En plein été, le conseil des ministres avait décidé d'autoriser sa diffusion sur le petit écran. C'était un 31 juillet. On s'étonnera sans doute que dans la continuité d'un printemps qui fut agité, allant jusqu'à menacer (du moins feignit-on de le croire) le pouvoir en place, il était urgent de statuer sur la réclame. Il est classique de se servir des moments de creux : les gens sont en vacances, ils bronzent, ils se reposent, pour prendre des mesures en douce, des mesures évidemment désagréables. Que nenni, cette fois ! L'exécutif se penchait sur une question de com' ! Et contrairement à certaines promesses que des mesures dilatoires repoussent aux calendes grecques le citoyen eut droit, à l'automne, à ses spots. Comme au cinéma...

    Vu sous cet angle un peu facétieux, il est donc possible d'analyser la crise de 68, cette effervescence pseudo révolutionnaire s'écrasant très vite dans le désir avoué de la consommation et du fameux pouvoir d'achat, comme une fièvre qu'un peu de fraîcheur télévisuelle vient calmer. Le contestataire du moment trouvait que s'il devait y avoir de la richesse, celle-ci devait en partie lui revenir (1). Se réveillant (à défaut d'éveiller sa conscience) devant l'abondance, il avait envie d'avoir sa part du gâteau. L'homme de 68 (2) voulait être de son temps. C'était le ventre qui parlait. Il fallait pouvoir se lever en pleine nuit pour vérifier l'abondance, comme un symbole de sécurité.

    Que la révolte printanière accouche de ce qui deviendra un jour l'essence télévisuelle, de ce dispositif terrible permettant d'obtenir, ainsi que l'avouait Patrick Le Lay quand il dirigeait TF1, du temps de cerveau disponible pour Coca-Cola, voilà qui n'est pas sans saveur.

    (1)Il faut avouer, à sa décharge, que l'univers politico-syndical ne permettait guère d'aller plus loin dans l'analyse. Les communistes, en productivistes impénitents, ne se distinguent pas dans le fond des aspirations américaines. Il faudra un jour revenir sur la grosse escroquerie intellectuelle que représentent les faux semblants du bolchévisme en matière économique.

    (2)Je ne parle pas ici des étudiants, lesquels, à l'image de ce que devinrent leurs leaders, étaient des guignols de première ; je pense à la classe ouvrière, oui, la classe ouvrière. Le mot classe : cette réalité sociale et économique que la droite a toujours ignorée et que la gauche a fini par trouver si vulgaire...

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