usual suspects

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

off-shore - Page 65

  • Bruxelles, capitale funèbre...

     

    bruxelles,union européenne,culture,déclin,mondialisation,affairisme,bureaucratiie.,politique


    Que l'artificielle Belgique ait donné, par sa symbolique capitale clivée, l'identité bureaucratique d'une Union européenne qui n'existe que pour les boutiquiers, les affairistes et les voleurs, est, pour reprendre Hegel, "une ruse de l'HIstoire". Comme quoi, ce qui n'a jamais été peut réussir à faire que nous ne soyons plus. L'absorption d'un trou noir en quelque sorte...


    Photo : Charles le Bresseler

  • Ne jamais se départir politiquement d'une grimace de joie...

    claude monet,rue montorgueil,fête du 30 juin 1878,orsay,rimbaud,illuminations,littérature,poésie,politique,festivités,illusions

    Claude Monet, La rue Montorgueil -Fête du 30 juin 1878, Musée d'Orsay, Paris.


    "Pendant que les fonds publics s'écoulent en fêtes de fraternité, il sonne une cloche de feu rose dans les nuages"

                  Arthur Rimbaud, "Phrases", Illuminations.

  • La gauche libérale (II) : le coût du devoir

    éducation nationale,vincent peillon,philippe meyrieu,pédagogisme,libéralisme,culture,décervelage,iufm,classes préparatoires,normal'sup,sciences-po,ena,enseignement

     Commençons par un petit rappel : nous devons aux théories pédagogistes des gauchos post-soixante-huitards (les mêmes qui ont protégé leur marmaille en les plaçant, via un contournement sournois de la carte scolaire, dans les meilleurs établissements publics, ou dans le privé...) la faillite intellectuelle dans laquelle se trouve désormais le système éducatif français. On ne dira jamais assez combien la prétention vulgaire d'un Philippe Meirieu aura assombri l'horizon hexagonal. Il est un des plus sinistres énergumènes du dernier quart du XXe siècle. En substituant l'apprendre à apprendre à l'apprendre seul, en gonflant, à coup de mots oiseux, de formules bidon, de procédures creuses, le contenu par le contenant, il a participé de la haine de la culture dont avaient besoin les tenants les plus ardents du libéralisme dur.

    Penseur raté et méprisable (parce que méprisant), Philippe Meirieu est un objectif collabo du tournant libéral. L'abandon des référents culturels, la mise en avant du savoir de l'élève (c'te blague...), l'égalitarisme entre le maître et l'élève, le renoncement à la chronologie (quelle soit historique ou littéraire), le nivellement des valeurs, tout cela avait besoin d'un vernis populaire et d'un rhéteur magnifique, tout cela avait besoin d'un toc scientifique et d'un Diafoirus éducatif. Et pour que la pilule soit acceptable, il était préférable d'aller chercher le maître d'œuvre, non chez un vrai libéral incompétent et intéressé, mais chez des gauchistes bredouillants un catéchisme vaguement social. Ce fut donc, pour le pan syndical, le SNES, pour le plan politique les ministres des gouvernements Mauroy and co (mais la droite avait déjà flairé l'intérêt d'un donnant-donnant avec la réforme Haby de 1976), pour le plan bureaucratique, les IUFM (où des enseignants ridicules et imbus d'eux-mêmes pantouflèrent joyeusement), pour le plan des idées (!!) le pédagogue Meirieu.

    C'est un principe fort ancien : pour faire passer ce qu'on désire, il est parfois préférable de créer des complicités auprès de ceux qui produisent des idées afin se faire une niche dans le paysage. Au propre de l'étymologie grecque : des cyniques. Et les cyniques de gauche ont une maîtrise de la dialectique remarquable.

    Collabos donc d'un système qui feignait de vouloir le bien du peuple, des petites gens et des enfants de ces petites gens, ils ne faisaient que renforcer le terrible rouleau compresseur des inégalités de classe. On ne peut pas leur en vouloir : ils ne croient pas aux classes en tant qu'élément discursif et procédure d'analyse politique. Ils savent qu'elles existent mais veulent à tout prix les ignorer. Rappelons encore une fois que la gauche mitterrandienne s'est convertie au modèle ethnique et communautariste anglo-saxon et que l'ouvrier à la chaîne, surtout quand il s'appelle Dupont, ne les intéresse plus. Il n'est plus électoralement porteur.

    La destruction de l'école comme sanctuaire du savoir était leur but, en même temps qu'elle était l'attente des libéraux (des rêves de Brzeziński aux volontés de l'OCDE en matière d'éducation). Pour le coup, ils auront au moins réussi quelque chose en trente ans...

    Leur mépris en la matière est tellement souverain qu'ils ne se cachent plus. En témoigne la décision de Vincent Peillon de supprimer les internats d'excellence. Ces internats d'excellence étaient destinés à des enfants de milieux sociaux défavorisés, que l'on retirait pour la semaine d'un univers violent et pauvre, afin d'établir des conditions de travail capables de leur donner l'envie et les moyens de réussir. Une enquête qui vient d'être publiée soulignait les effets bénéfiques d'un tel choix.

    Ce choix avait un coût et Vincent Peillon a jugé que ce coût était trop élevé.

    J'attends donc que dans la semaine le même Vincent Peillon

    -Supprime Normale Sup qui permet à des étudiants de bénéficier de conditions d'études exceptionnelles, pour un coût exhorbitant, sachant que les normaliens sont pour l'essentiel le produit d'un conservatisme de caste que dénonçait déjà (et cela date) Pierre Bourdieu. Au moins les aide-t-on au mieux en les guidant comme il faut dans l'exercice des concours... Ils ont le droit à une bibliothèque qui leur est propre, ouverte H24, par exemple. L'escroquerie est d'autant plus grande que les meilleurs normaliens, qui sont censés enseigner après l'agrégation, filent aussi à l'ENA (Wauquiez, Le Maire, Fabius, Juppé) pour faire carrière en politique...

    -Supprime Science-Po, dont les dépenses par étudiant mériteraient qu'elles connaissent elles aussi la rigueur budgétaire. Il faut croire que l'aisance que s'était attribué le défunt Descoing n'embêtait pas grand monde et que les conditions faites à ceux qui se prétendent la future élite politique et médiatique de la nation doivent être à la hauteur de leur vanité. Science-Po est le terreau de ce qui mine notre actuelle démocratie : le triomphe du vernis intellectuel et des éléments de langage tirés de la com. Tout cela pour masquer une uniformité de penser. Science-Po est un titre, et rien de plus. Et tout comme l'ENA, mais bien plus que l'ENA, cette institution est la gangrène de la nation. Elle demeure parce qu'elle est le levier des nantis et des affidés pour pouvoir reproduire, et reproduire encore les valeurs dominantes. Science-Po, c'est la sécurité de l'emploi d'un petit monde, dont les thuriféraires socialistes ont leur part qu'ils comptent bien préserver. Et, dans cet esprit, l'étudiant de Science-Po ne sera jamais trop cher.

    -Revoit les droits universitaires des classes préparatoires. Est-il normal que cette espèce protégée (le prépa...) soit, en plus, celui à qui on ne demande rien.

    S'il faut faire des économies, il n'y a pas de problème. On est capable d'en faire. Mais évidemment, cela ne se fera pas.

    Pourquoi ?

    Parce qu'en ces lieux, le pédagogisme n'existe pas. Ce sont les lieux de la reproduction élitaire (et non de la production élitaire), ce sont les lieux de l'entre-nous où les nuances entre la gauche et la droite s'effacent, ce sont les lieux où, justement, l'allégeance au libéralisme bien compris se fait. Il n'est donc pas question de revenir sur les privilèges (les vrais ceux-là...) qui garantissent aux mêmes de conserver leurs positions.

    L'économie prime, lorsqu'il s'agit d'infliger aux plus pauvres les diktats de la logique libérale. Et Peillon, aspirant Premier Ministre cramé par son ego et son incompétence, avait déjà donné le la quand il a décidé de supprimer les devoirs à la maison dans le primaire. Là encore, le vernis égalitariste a voulu masquer les effets réels de cette décision. En apparence, lutter contre la discrimination entre ceux qui ont de bonnes conditions chez eux et les autres. En réalité, promouvoir insidieusement un modèle américain dont on connaît la double conséquence :

    -vider jusqu'à pas grand chose le contenu de l'enseignement

    -offrir une mane aux institutions privées, aux cours particuliers, etc. pour les familles qui contournent cette règle et assurent une sorte d'éducation cachée à leur progéniture.

    Ce n'est pas la privatisation de l'enseignement, évidemment. Parce que, lorsqu'on est de gauche, c'est impensable. Ou pour le dire autrement : inavouable, parce que les socialistes sont aussi libéraux que les partis de droite, l'hypocrisie en plus. Donc pas une privatisation, mais, peu ou prou, une mise en place de l'article 22 : démerdez-vous. Et dans cette optique, mieux vaut ne pas être dépourvu...


    Photo : AFP

  • Le flou

    DÉCHARGE DE VOITURE.jpg

     

     Parfois c'est ainsi. Le flou, et dans le flou, quelque chose qui s'écarte, tout en ne se détachant qu'indistinctivement, ou partiellement, de l'ensemble, de la globalité que tu perçois. Un jour, un objet dans une vitrine devant laquelle tu passes à vélo, à toute vitesse, un autre jour, le reflet dans la vitre qui fait miroir d'un homme en train de se raser, alors que tu t'assoupis à l'arrière de la voiture, un autre jour encore, devant un écran de photos noir et blanc, un cliché que tu dirais, dans un contexte différent, mal cadré, et pas net.

    Les phares des voitures empilées ne sont pas des yeux morts. Ils ne sont plus, tu as trop grandi, des visages avec lesquels tu t'amusais d'histoires invraisemblables, comme des citrouilles d'un temps d'Halloween qui n'existait pas encore.

    Les phares flous des voitures. Les voitures empilées, en concrétion d'histoires elles-mêmes, qui filèrent des routes et des chemins (comme des métaphores), des musiques à fond l'auto-radio, des engueulades de famille et des baisades sur la banquette arrière. Puis un jour, après tant de pérégrinations et d'aventures, de bas-côtés en gadoue, de bandes d'arrêt d'urgence et d'aires d'autoroutes, un nouveau carrosse. Et pour l'ancienne, une revente, le prix de l'argus. Parfois hors-cote. La toute première, tu t'en souviens : une quasi épave, du temps où le contrôle technique n'existait pas.

    À la casse. En pièces détachées.

    Des souvenirs à feuilleter. Un feuilletage de ce qui a été, et dont tu as, parfois, une image exacte, une quadrichromie de mots qui donnent, dans ta tête, une vérité au parcours. Le proche et le lointain. Parfois, en revanche, le moment s'est étrangement simplifié : le noir et blanc domine. Le lieu et les êtres sont là mais il manque l'esprit du temps, sa saveur. Parfois, encore, c'est un reliquat de ce qui fut vécu. Le flou. Ta parole est un carrelage où des pièces ont sauté et dans ta tête, il y a bien quelque chose qui demeure, une résistance à la disparition qui prend la forme d'une sensation, un cliché ténébreux auquel tu interdis de toutes tes forces qu'il disparaisse.

    C'est le flou, et tu es comme un homme venu chercher une pièce d'occasion (un pare-choc ou une portière) et dans le labyrinthe de la casse ton âme sourit et s'inquiète, s'agace et s'amuse. Tu étais venu pour un objet précis mais tu vois des traces qui te promènent ailleurs. Tu reconnais, là, un modèle dont tu eus un exemplaire, quarante ans auparavant, ici, une carcasse dont tu es sûr qu'elle fut tienne, il y a trente ans. Et avec ton petit portable, tu prends une photo.

    Une photo floue, que ton appareil gardera en mémoire...


    Photo : X...

     

  • Philip Glass, soliste ou orchestral

    Opening : tu ouvres la boîte...









    Closing : tu fermes les yeux



    Compositions intiale et finale de Glassworks (1981)

  • Ce qui devient lointain

     

    margaret thatcher,bobby sands,politique,grande bretagne,irlande,ira,prison de maze,mitterrand,information

    La disparition de Margaret Thatcher ne me bouleverse pas. D'abord parce qu'elle était vieille, ensuite parce que, si elle fut une affreuse ultra-libérale, elle eut le mérite de l'être clairement, ce qui, au regard de la tripotée de faux-culs socio-démocrates européistes qui sont venus après, affadit son œuvre. Celle-ci n'est pas si loin du massacre social que l'on nous sert depuis Maastricht. C'est bien là un des effets de l'horreur politique qui se déverse sur nous depuis vingt ans : nuancer Thatcher. Qui l'eut cru ?

    Sa disparition ne me fait ni chaud ni froid, mais je pense aussitôt à ce que fut le dégoût du groupe lycéen que nous étions quand le 5 mai 1981 nous apprenions la mort du député IRA, Bobby Sands, après 66 jours de grève de la faim, à la prison de Maze. Nous étions jeunes et sensibles, peut-être. Nous étions surtout révoltés qu'un représentant politique fût ainsi traité dans une démocratie qui nous balançait son Habeas Corpus rituel comme le comble de sa vertu civilisatrice.

    Mais étions-nous, nous-mêmes, si grands, et pas un peu dans le spectaculaire tout de même, d'être ainsi en colère, et d'oublier que Sands n'était alors que le premier d'une série de dix, à mourir, entre mai et août 1981 ? Pourrions-nous nous souvenir, si l'occasion de nous revoir se présentait, que deux jours après avoir chanté le mitterrandisme triomphant, un autre homme, Francis Hugues, était mort lui aussi. Et de lui, je n'ai nul souvenir. Je n'ai nul souvenir que nous en ayons débattu. Le flot d'information passait, notre bonheur nous occupait, l'Irlande tout à coup était loin, et Margaret Thatcher à moitié amnistiée, d'une certaine manière.

    Suffit-il de blâmer la force dévorante de l'information pré-digérée et celle du flux qui fait passer de vie à trépas les malheurs, les tragédies du monde, quand on est soi-même capable de trier, selon ses humeurs, belles ou sombres, la valeur des morts aussi proches soient-elles...

  • L'arbre et la forêt (suite)

    politique,cahuzac,gud,extrême-droite,finance,parti socialiste,gouvernement,hollande,ayrault,responsabilité

    Je raconte à une mienne connaissance qui est dans le droit comme on dit les belles amitiés extrême-droitières du maçon rose Cahuzac. Des amis, vraiment ? me dit-elle. J'évoque la SCI des affaires péruviennes et aussitôt son œil s'illumine. Des amis, aucun doute. Et d'embrayer. La SCI (société civile d'investissement) est une structure où l'individu s'engage intuitu personae. C'est-à-dire ? Un engagement où elle se porte garant des dettes de ceux avec qui il contracte. En clair, une prise de risque conséquente qu'on ne fait qu'avec des liens de confiance. C'est, ajoute-t-elle, la forme privilégié dans des engagements de couples ou de familles. Pas le genre de chose que tu fais avec des rencontres fortuites ou de vagues connaissances. Elle conclut : Cahuzac, les gudards, c'était des potes, des vrais, des purs, des durs...


    Photo : X

     

  • L'arbre et la forêt...

     

    hpoto-gouvernement-ayrault-1-REUTERS-930620_scalewidth_961.jpg

    Au delà du mensonge et de la fraude, l'affaire Cahuzac charrie une autre boue dont la gauche socialiste essaie de ne pas trop se couvrir. Il ne suffisait pas un ministre du Budget de planquer de l'argent en Suisse puis à Singapour. Il fallait encore que l'histoire fasse ressortir ses embarrassantes amitiés.

    Non seulement Cahuzac a fait appel à un proche de Marion Le Pen pour ouvrir le compte qui aujourd'hui le met au ban de la société politique (mais avec une nuance qui fait sourire : tout le vocabulaire et la compréhension, y compris à droite, pour l'homme à terre qu'il est devenu, l'homme blessé, l'homme meurtri, etc, etc. Ou quand, à la vindicte morale de façade on substitue la compassion entre nantis. On aimerait évidemment que les politiques aient autant d'indulgence personnelle pour la petite délinquance, le voyou de quartier, ou le voleur pauvre), non seulement il a fait appel à un avocat fiscaliste qui fricote avec le FN, mais on apprend qu'il a eu depuis longtemps des amitiés certaines avec des gudards avérés qui n'ont jamais renoncé à leur sensibilité politique.

    Pour plus de clarté : le GUD (Groupe Union Défense) est un syndicat étudiants d'extrême-droite dont l'idéologie et les méthodes sont à tout le moins musclés. Le Monde révèle que dans les années 90, Cahuzac fréquente beaucoup Philippe Péninque (le fameux avocat qui l'aide) et Jean-Pierre Eymié, lui-même avocat. Ce ne sont pas des amitiés de jeunesse, des accointances de fin d'adolescence. Ce sont des hommes mûrs qui se retrouvent et qui s'apprécient.

    En clair, Jérôme Cahuzac, adhérent au PS en 1977, aspirant à des responsabilités politiques dans le sérail socialiste, ne s'interdit pas de côtoyer des hommes dont les options idéologiques sont celles-là même qu'est censé combattre sa famille politique. Le journal précise que «la petite bande se retrouve régulièrement depuis la fac, autour d'un golf, à Vaucresson ou à la Baule. Ou encore dans la jolie maison du cap Benat, près du Lavandou, dans le Var, chez les Eymié. Jerôme Cahuzac se met à la boxe et au vélo, comme ses deux amis.» Mieux : elle investit dans une affaire au Pérou via une société, une SCI La Rumine.

    Alors que le PS fait ses choux gras d'un discours huilé et intéressé sur le FN, qu'il nous sort à la moindre occasion le couplet du cordon sanitaire ou celui de l'arc républicain, un homme appelé à une belle carrière commence à frauder et s'enrichit avec des copains d'extrême-droite. Pour faire simple : le riche socialiste a le droit de s'accommoder de l'esprit frontiste, quand l'électeur qui glisse, à tort ou à raison, son bulletin lui aussi frontiste dans l'urne, a le droit d'être traité de facho. Ce qui pourrait sembler un acte isolé, un choix individuel avec lequel il n'est pas possible de tirer le moindre enseignement est au contraire un symptôme de plus de la duplicité des socialistes vis-à-vis du FN et des idées d'extrême-droite. Ils s'en arrangent parce qu'elles les arrangent. Elles leur permettent de fonder leur légitimité morale à peu de frais (on en voit encore les restes aujourd'hui : les pires saloperies dont ils sont responsables ne les empêchent pas d'avertir le bon peuple que celui-ci n'a pas le droit d'aller voir ailleurs et que ce serait péché que de finir dans les filets de Marion and co. Toujours la même antienne : demander encore plus de vertu aux pauvres). Elles leur offrent une virginité sans cesse recommencée.

    Cahuzac n'est pas qu'un cynique économique, qu'un moralisateur indexé à l'optimisme suisse (sur un compte bloqué...) ; il est un mensonge politique, une vacuité nauséabonde du politique.

    Or, si l'on veut bien admettre, pour l'aspect financier, la ridicule ignorance de l'exécutif, la capacité de dissimulation du ministre du Budget, il n'est pas pensable, parce que, sur un tel homme, les RG ont obligatoirement des fiches, il n'est pas pensable que ce même exécutif n'ait pas su, qu'il n'ait pas connu, et donc compris, les amitiés fortes de ce dernier pour des gens d'extrême-droite.

    C'est donc une faute politique que cette nomination, une complaisance ignoble que cette célébration de Cahuzac avant sa chute.

    Les 600 000 euros sont mesquins eu égard à sa richesse et à sa fonction. Il est cupide. Il a menti pour quelques billets (encore que ces billets, bien des malheureux voudraient pouvoir les sentir dans leurs poches, pour manger, se loger, s'habiller).

    Les amitiés non sanctionnées de Cahuzac sont pires encore. Et bien plus révélatrice de l'héritage mitterrandien dont les gouvernants d'aujourd'hui sont les rejetons pourris. De même que le Florentin avait son Bousquet, les socialistes du moment ont leur nationaliste des beaux quartiers. La classe, quoi !

    À partir de là, qu'ajouter ? Rien, et se taire, faute de mieux, devant les prochaines échéances, quand Marion et sa clique viendront rafler la mise. Cela peut faire peur sans doute, mais disons-le sans détour : rien, absolument rien, ne me détournera de l'abstention. J'ai déjà donné en 2002...

  • Boule et Bill, Titi et Gros Minet, Joe Dalton et Rantanplan...

     

    hollande,république française,cahuzac,mensonge,ayrault,goergina dufoix,responsabilités,fraude

    David Pujadas a bien de la chance. Il y a quelques jours il recevait un Président qui parlait pour ne rien dire (sinon je, je, je... C'est son tic. Un gimmick, un quasi bégaiement) et ce soir un Premier MInistre qui ne savait rien. Tous les deux étaient venus pour nous regarder dans les yeux, nous dire combien ils connaissaient les difficultés des Français, le besoin de résultats et leur souci de bien faire.

    L'un était venu pour montrer sa paralysie, l'autre sa faiblesse. 

    Tous les deux ne savaient rien sur les secrets de Cahuzac. Le ministère dont le dit Cahuzac avait la direction n'était pas capable d'enquêter sur des faits qu'un journal pouvait, lui, explorer.

    Ni l'un ni l'autre ne démissionneront. Ils pourraient. Ils devraient. Soit parce qu'ils sont complices, soit parce qu'ils sont ridicules.

    Ils sont venus à la télévision pour répondre aux questions de David Pujadas. Tel est l'effet d'annonce, parce que dans les faits, c'est niet. À en perdre son latin.

    Et en parlant de latin justement. Revenons-y. Respondere. Certes répondre à, mais d'abord répondre de. Tout est là : la responsabilité est dans le deuxième sens. Ils ne se servent que du premier (ils ne sont pas les seuls. Copé, Woerth, etc.) parce qu'ainsi ils peuvent flagorner, jouer et passer entre les gouttes. Ils ne répondent à rien parce qu'ils ne répondent de rien. En son temps, Georgina Dufoix avait donné le ton : responsable mais pas coupable. Hollande et Ayrault ajoutent une pierre à la dialectique : ni responsables, ni coupables.

    J'ai conclu il y a quelques jours combien la plaisanterie de l'insignifiance sentait la décomposition. Les choses s'accélèrent...


    Photo : Robert Rozier

  • Femme en bleu (IX) : Goya

    goya sainte famille.jpg

    Goya, La Sainte Famille, 1774, Musée du Prado, Madrid

    Puisqu'il est mort vendredi et resuscité hier, on pense aussi que, malgré son destin, il fut enfant, et qu'il eut une mère.

    Peut-on l'imaginer nourrisson conscient de ce qui l'attend ? Est-ce pensable ? Alors que sa mère, elle, sait qu'il n'en est pas de lui comme des autres.

    Mais pour l'heure, il n'est qu'un infans, être sans la parole, sans le Verbe, fragile et émouvant, comme n'importe qui. Il est dans les bras de sa mère, sur son ventre. Le corps fait accueil et, elle, la mère, Goya l'a vêtue, comme il sied, de bleu.

    Un bleu si dense, pour un vêtement si ample qu'il semble le premier berceau messianique. Plus qu'un drapé riche ou modeste, Goya a concentré la scène attendrissante autour d'une couleur. Un bleu-cocon. Une couleur vivante, qui fait la rupture avec les ténèbres. Une couleur qui ouvre sur le soleil intérieur, un jaune auroral. Pour un instant de paix.